IntroductionL’enclouage est le traitement classique des fractures diaphysaires du tibia. Le contrôle des fractures du quart distal est reconnu délicat. Nous rapportons une série prospective continue multicentrique de fractures distales du tibia traitées par enclouage centromédullaire antérograde.HypothèseL’hypothèse de travail était de sérier les difficultés rencontrées dans l’enclouage des fractures basses de jambe.Patients et méthodeDe mai 2007 à novembre 2008, 51 fractures chez 51 patients (19 femmes et 32 hommes, d’âge moyen 46,2 ans (17–93)) ont été traitées par enclouage. Les fractures étaient classées selon l’association pour l’ostéosynthèse (AO) avec une majorité de type A1 (29/51). Treize fractures présentaient un refend distal, vissé dans cinq cas. La fixation consistait en un enclouage centromédullaire alésé dans tous les cas, réalisé sur table standard ou orthopédique. Le montage était statique (50/51). L’évaluation était radioclinique avec des clichés de face et de profil des deux jambes et la réalisation d’un score d’Olerud.RésultatsNous rapportons un décès et huit perdus de vue, soit 42 cas à la révision à un an. Le taux de consolidation était de 97,6 % avec un délai moyen de 15,7 semaines. En postopératoire immédiat, 14 défauts d’axe supérieurs à 5° ont été observés principalement en valgus dont un seul supérieur à 10°. L’absence de synthèse fibulaire a été le seul facteur de risque d’apparition d’un défaut d’axe initial mais également d’un défaut de stabilité fracturaire dans le temps. Nous avons observé deux complications infectieuses et, à six mois, quatre déplacements secondaires dont un s’explique par un changement de verrouillage distal dans un contexte infectieux. Quatre dynamisations ont été effectuées. Aucun autre facteur de risque n’a été retrouvé. Le score fonctionnel moyen d’Olerud à 12 mois était de 83,5 points.DiscussionLes résultats cliniques sont comparables à ceux de la littérature. Radiologiquement les taux et le délai de consolidation sont identiques. Cependant le taux de cals vicieux est nettement supérieur. Les facteurs de risque de cals vicieux sont dans la littérature l’élargissement métaphysaire, la comminution fracturaire, le caractère distal de la fracture, le jeune âge du patient, l’installation sur une table standard et les erreurs techniques. L’absence de synthèse fibulaire, objet de discussion dans la littérature, est le seul élément retrouvé statistiquement significatif dans notre étude. L’enclouage des fractures distales de jambe donne des résultats intéressants cliniquement. Cependant eu égard au taux de cals vicieux, la technique doit être précise et rigoureuse. Nous préconisons une synthèse fibulaire systématique et l’utilisation d’une table orthopédique.Étude de niveau IVÉtude prospective de cohorte.