IntroductionLes dermatoses de contact en relation avec le travail (DCRT) sont les affections dermatologiques les plus fréquentes en milieu professionnel dans les pays développés. Leur incidence réelle en population active reste toutefois mal connue, ces affections étant souvent sous-déclarées voire sous-diagnostiquées. Leur impact sur la qualité de vie et le devenir professionnel peut être majeur.MéthodesNous rapportons ici une première description des caractéristiques socio-démographiques, médicales et professionnelles des patients adressés au centre de consultation de pathologies professionnelles (CCPP) du CHRU de Nancy pour suspicion de DCRT entre 2012 et 2017. Ces patients ont tous bénéficiés de consultations bi-disciplinaires réalisées conjointement par un médecin du CCPP et un dermatologue, tous deux qualifiés en allergologie.RésultatsAu total, 243 patients âgés de 15 à 61 ans (médiane 33 ans) ont été recensés, dont 53 % de femmes. L’origine de la demande de consultation émanait dans 58 % des cas du médecin du travail, et dans 32 % des cas de médecins spécialistes (dermatologues ou allergologues). Si la majorité des patients avait un statut salarié (84 %), près de 10 % étaient encore en formation (apprentis, scolaires en filière professionnelle). À l’issu du bilan allergologique, si le diagnostic de dermite d’irritation isolée était retenu dans 20 % des cas, 43 % des patients présentaient au moins une sensibilisation documentée à un allergène de l’environnement de travail, les plus fréquemment identifiés étant les persulfates alcalins, la PPD, les acrylates/méthacrylates et les thiurams. Toutes DCRT confondues, les nuisances les plus fréquemment incriminées étaient les produits de coiffure, les produits ménagers, les agents de vulcanisation du caoutchouc et les résines, colles et matières plastiques.ConclusionBien souvent multifactorielles, les DCRT surviennent dans des secteurs d’activité et métiers variés, même si la coiffure, les métiers du nettoyage et du soin sont particulièrement touchés. Une évaluation allergologique bi-disciplinaire associant un spécialiste en pathologie professionnelle apparaît essentielle pour orienter au mieux les examens et le devenir professionnel de ces patients.