En France comme en Wallonie, des enfants, adolescents et jeunes adultes sont diagnostiqués comme présentant des troubles du comportement qui les empêcheraient de suivre une scolarité ordinaire. De part et d’autre de la frontière, ils sont étiquetés de la même manière et certains vivent le même processus d’orientation vers un établissement spécialisé (ITEP en France, SRJ en Belgique) et une scolarité spécialisée à l’écart de l’institution scolaire ordinaire. Grâce au partage de leur quotidien sur un temps long et à des observations répétées dans les établissements et écoles spécialisés, nous proposons, dans cet article, une comparaison de leur expérience sociale et scolaire. Pris en charge différemment, ils n’ont pas entièrement la même expérience de leur mise à l’écart. Si français et wallons entament un travail de « normification » pour mettre à distance leurs étiquettes et stigmates et délégitiment leur scolarité spécialisée, les jeunes belges semblent parvenir, au moins partiellement, à adhérer au groupe de pairs déviants scolarisés avec eux alors que les jeunes français n’entrent pas dans ce « cycle d’affiliation ».