IntroductionL’instabilité chronique de cheville (ICC) est une pathologie associée à de lourdes conséquences socio-économiques[1]. Si des déficits de repositionnement articulaire et d’équilibre ont été mis en évidence chez des sujets ICC, l’intégration centrale des informations proprioceptives de la cheville n’a été que très peu étudiée[2]. L’objectif de ce travail consiste à déterminer les liens entre l’intégration proprioceptive, l’acuité proprioceptive et le contrôle postural de sujets ICC afin d’améliorer la prise en charge en rééducation.Matériel et méthodesVingt-huit sujets (14 hommes et 14 femmes ; 21,6 ± 1,7 ans) dont 15 sains et 13 souffrants d’ICC (Cumberland Ankle Instability Test < 24[3]), ont réalisé (i) un test de repositionnement articulaire de la cheville permettant de mesurer l’erreur absolue de repositionnement, (ii) une tâche d’équilibre statique unipodal, permettant de calculer la distance totale du centre des pressions (CoP) et l’aire de l’ellipse à 95 % de confiance du CoP, enfin (iii) une tâche d’équilibre unipodal avec vibrations tendineuses pour calculer l’index de repondération proprioceptive[4]. Une blessure de moins de 3 mois ou une maladie neurologique excluait le sujet de l’étude. Les données moyennes des deux groupes ont été comparées par un testtde Student, les corrélations entre les différents tests ont été réalisées par le test de Pearson's.RésultatsLes résultats des différents tests ne montrent aucune différence significative entre les deux groupes (p > 0,05). Les données de repositionnement articulaire s’avèrent significativement et positivement corrélées aux indices de contrôle postural : avec la distance totale du CoP (r = 0,44 ;p = 0,02) ; avec l’aire de l’ellipse à 95 % de confiance du CoP (r = 0,38 ;p = 0,04).Discussion/conclusionCes résultats montrent que l’intégration proprioceptive est indépendante du sens de la position articulaire de la cheville, et que les sujets qui présentent une faible acuité proprioceptive ont un contrôle postural altéré, indépendamment de la présence d’une ICC. Les résultats du test de repositionnement peuvent être influencés par les capacités de mémorisation et de concentration des sujets[5]ce qui constitue une des limites de l’étude.Il est nécessaire pour le praticien de mesurer les capacités d’intégration proprioceptive indépendamment des paramètres de mesure proprioceptive classiques et de contrôle postural puisqu’ils sont tous considérés comme des facteurs de risques de récidives[1].