Les travailleurs du cycle nucléaire, notamment ceux impliqués dans la préparation ou le retraitement du combustible nucléaire, peuvent être exposés à une contamination interne par des composés radioactifs (uranium, plutonium…). Afin de se prémunir contre un risque sanitaire dû à cette exposition, la réglementation française définit des limites d’exposition annuelles à ne pas dépasser. Ces limites sont exprimées en termes de dose efficace engagée résultant de la distribution des radionucléides dans le corps humain et de l’absorption des rayonnements ionisants qu’ils émettent par les tissus radiosensibles. Pour s’assurer du non-dépassement de ces limites et pour identifier tout événement anormal, la potentielle contamination interne des travailleurs doit être surveillée. Cette surveillance est réalisée par des mesures de la radioactivité retenue dans le corps ou présente dans les excréta. À partir du scénario d’exposition, le résultat de ces mesures peut être interprété en termes de dose efficace engagée.Cependant, une incertitude dans l’interprétation dosimétrique des résultats est introduite par la variabilité de la mesure et par la connaissance incomplète des conditions de contamination. Des méthodes statistiques ont été développées pour prendre en compte cette incertitude dans l’optimisation des programmes de surveillance individuelle, l’objectif étant de garantir le respect des objectifs dosimétriques de la radioprotection, avec le niveau de confiance souhaité et des moyens opérationnels raisonnables. Ces méthodes ont été implémentées dans le logiciel OPSCI développé en collaboration entre l’IRSN et AREVA.Ce logiciel permet, par la prise en compte des incertitudes :– d’estimer la dose minimale détectable par un programme de surveillance de routine à partir des informations disponibles sur la forme physico-chimique des composés manipulés, des niveaux de radioactivité en présence et des limites de détection des techniques disponibles pour la mesure des radionucléides incorporés ;– de calculer la dose efficace engagée suite à un incident de contamination à partir des résultats de mesure d’activité retenue et/ou excrétée, ainsi que l’incertitude associée ;– d’aider le médecin du travail à choisir le programme de surveillance le mieux adapté aux conditions d’exposition potentielle ou avérée.Des cas concrets d’utilisation de ce logiciel seront présentés afin de montrer son intérêt pratique. Cet outil apporte ainsi un vrai support au médecin du travail en lui donnant les éléments nécessaires pour répondre aux questions sur la représentativité et les limites des protocoles de surveillance en situation normale ou anormale et sur la quantification des expositions internes à la radioactivité.