IntroductionLe santé travail en Iroise-Brest (STI) et le Centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelle de Perharidy (Fondation Ildys, Roscoff) ont créé en 2005 une filière originale de prise en charge des salariés rachialgiques, afin de favoriser leur maintien dans l’emploi. Selon le modèle biopsychosocial, nous proposons une utilisation du Job Content Questionnaire de Karasek pour définir les profils psychosociaux des salariés et optimiser leur prise en charge.MéthodologieNous intégrons un test HAD et un questionnaire de Karasek dans le dossier de présentation des salariés au staff médecins du travail/médecins MPR (médecine physique et de rééducation). Les salariés rachialgiques retenus sont définis (Karasek) en actifs, passifs, tendus, détendus et leur profil est évalué : perte de capacité fonctionnelle, topographie et intensité des douleurs, gêne au travail, niveau d’anxiété et de dépression, soutien social. Ces critères sont réévalués à un an de la prise en charge.RésultatsDe 2010 à 2016, cette démarche a bénéficié à 173 salariés (43 actifs, 39 passifs, 44 détendus, 47 tendus). Les tendus obtiennent significativement de moins bons résultats aux tests et critères retenus : perte de capacité fonctionnelle, gêne au travail, niveau d’anxiété et de dépression, soutien social, à l’exception du niveau de douleur. Les tendus (60,9 %) sont en arrêt de travail lors du staff contre 48,6 % des passifs, 37,2 % des détendus, 34,1 % des actifs. Une consultation à un an est organisée, par le médecin du travail ; elle ne concerne que 132 salariés (37 actifs, 32 passifs, 35 détendus et 28 tendus). Les perdus de vue sont principalement des salariés déclarés inaptes dans l’intervalle avec une absence de reclassement connu ; il s’agit majoritairement de tendus (40 %). Parmi les 132 salariés, les tendus ont les plus mauvais résultats ; nous constatons aussi que les niveaux d’anxiété et de dépression ne sont pas significativement améliorés pour l’ensemble des profils Karasek.DiscussionNotre étude confirme la situation délétère des salariés rachialgiques tendus (plus mauvais résultats, plus d’arrêt de travail, plus d’inaptes). Ces tendus devraient pouvoir bénéficier d’une prise en charge spécifique, psychologique, et en termes d’organisation du travail, à intégrer dès le dépistage.ConclusionNotre étude nous conforte dans l’intérêt d’une prise en charge pluridisciplinaire des salariés rachialgiques chroniques selon le modèle biopsychosocial. Nous souhaiterions développer l’angle psychosocial de cet accompagnement par la création d’un module de psychoéducation au profit de cette population avec une meilleure compréhension des facteurs de stress et une sensibilisation aux différents moyens de le réguler.