Les premiers résultats de l’enquête conditions de travail 2013 soulignent, par comparaison à la stabilisation observée entre 1998 et 2005, une « reprise de l’intensification du travail chez les salariés [qui] semble liée au rythme accru des changements organisationnels et à la plus grande insécurité de l’emploi ressentie ». Les mécanismes d’action des différents modes d’organisation sur les conditions de travail sont complexes et peuvent être favorables ou défavorables au bien-être psychosocial et à la santé.Nous présentons ici une analyse des associations entre organisation du travail, vécu psychosocial et santé perçue à partir de l’échantillon des 7000 salariés du secteur marchand de l’enquête appartenant à des entreprises d’au moins 10 salariés.L’analyse présentée porte sur l’impact psychosocial et sanitaire des changements d’organisation du travail, et sur l’impact de modes d’organisation spécifiques tels que la polyvalence ou l’utilisation de procédures qualité. Les dimensions psychosociales analysées sont le débordement-envahissement, la reconnaissance, les violences psychologiques internes, le sens du travail et les conflits de valeur. La santé perçue est caractérisée par l’indice de bien-être de l’Organisation mondiale de la santé et par une question sur l’état de santé général.L’analyse a été réalisée selon un modèle logistique simple avec en entrée les caractéristiques organisationnelles et les cofacteurs sexe, âge, statut économique et social, région (Île-de-France vs province) et taille de l’entreprise ; et en sortie chacune des variables psychosociales et sanitaire.On observe une association défavorable entre changements d’organisation du travail, changements de l’équipe de direction, plans de licenciements dans les 12 derniers mois, polyvalence en fonction des besoins d’une part et vécu psychosocial et bien-être d’autre part. Les associations entre l’utilisation de procédures de qualité dans l’entreprise et le vécu psychosocial ou le bien être sont plus nuancées : des associations défavorables au bien-être sont observées avec le débordement-envahissement, les violences psychologiques internes, les conflits de valeur et l’état de santé général.Ces résultats, cohérents avec la littérature internationale, doivent être interprétés avec prudence. La prise en compte d’autres éléments de la situation de travail est nécessaire pour bien comprendre les mécanismes en jeu. Des analyses complémentaires intégrant notamment certaines caractéristiques clés du poste de travail (quantité, intensité, complexité du travail et exigences émotionnelles) et du contexte psychosocial (autonomie, soutien social et justice organisationnelle) sont en cours.