L’activité de rééducation en centre peut difficilement faire abstraction de la question du retour à l’emploi. Cette question émerge des préoccupations des patients pour qui le travail représente une grande part de leur quotidien. Ceci est d’autant plus vrai pour des patients atteints de TMS dont les atteintes laissent encore envisager une dimension professionnelle à leur projet de vie. Mais dans quelle mesure est-elle, peut-elle, être prise en compte en cours de rééducation ?Il nous faut d’abord distinguer la question de l’insertion professionnelle de celle de l’activité professionnelle. L’insertion professionnelle s’intéressera à maintenir un salarié en poste ou à lui trouver une voie de sortie via des possibilités de réorientation professionnelle. La question qui nous intéresse dans le cas présent est davantage de comprendre comment les considérations propres à l’activité professionnelle d’un patient peuvent être considérées en cours de rééducation. Le choix a été fait de cibler la recherche sur le traitement de cette question lors de séances d’ergothérapie.L’expérimentation clinique servant de support à cette recherche s’inspire de la clinique de l’activité. La visée demeure le développement du pouvoir d’agir des sujets (ergothérapeutes) sur eux-mêmes et sur leur milieu (CLOT, 1999). Une première phase d’observation et d’analyse a permis aux ergothérapeutes de reprendre ce qu’ils font au quotidien en adoptant des perspectives différentes. Nous avons ensuite utilisé la méthode des autoconfrontations proposant un visionnage de séquences de travail sélectionnées, d’abord seul avec le chercheur (autoconfrontation simple) puis à deux ergothérapeutes (autoconfrontation croisée). Les analyses produites sont ensuite reprises avec un groupe de travail constitué des ergothérapeutes engagées dans l’intervention puis lors d’un comité de suivi intégrant des représentants institutionnels (médecin, cadres de santé, administratifs).Les premiers résultats montrent la mise en tension entre différentes représentations de l’activité professionnelle en cours de rééducation. Que ce soit entre ergothérapeutes, entre corps professionnels, en lien avec l’institution ou même avec les patients. Là où le travail est un ensemble de contraintes biomécaniques, un autre y verra un ensemble complexe de gestes professionnels ou bien encore un simple mal être que l’on souhaite exprimer. Finalement, l’activité professionnelle reste difficilement appréhendable car elle est située de façon multiple. C’est à la fois la difficulté pour s’y intéresser mais aussi une ressource à mobiliser pour concevoir et agir auprès des patients dans un objectif de développement du geste et peut être plus largement de leur pouvoir d’agir à eux aussi.