ObjectifL’étude vise à explorer les associations entre facteurs psychosociaux au travail, classiques et émergents, et santé perçue dans la population nationale salariée française.MéthodesL’étude s’appuie sur les données de l’enquête nationale SUMER 2010 réalisée par la DARES et la direction générale du travail (inspection médicale du travail) en collaboration avec des médecins du travail. L’échantillon comporte 46 962 salariés, 26 883 hommes et 20 079 femmes (taux de participation de 87 %). La santé perçue a été mesurée par une question unique à 5 modalités de réponse et traitée sous la forme d’une variable binaire. Les facteurs psychosociaux au travail comprenaient des facteurs relatifs aux dimensions des modèles dujob strain(demande psychologique, latitude décisionnelle, soutien social) et du déséquilibre efforts-récompenses (récompenses), aux violences au travail (physiques/sexuelles, psychologiques, verbales), aux horaires de travail (prévisibilité des horaires, travail posté, travail de nuit, horaires asociaux et temps de travail prolongé) et aux conséquences d’erreur. L’association entre facteurs psychosociaux au travail et santé perçue a été étudiée à l’aide de régressions logistiques pondérées, stratifiées sur le genre, avec ajustement sur des covariables (âge, profession, secteur d’activité et autres types d’expositions professionnelles).RésultatsUne faible latitude décisionnelle (utilisation des compétences et autonomie décisionnelle), une forte demande psychologique, un faible soutien social (de la part de la hiérarchie pour les hommes), le manque de récompenses (faible estime et faibles perspectives de promotion pour les deux genres et insécurité de l’emploi pour les hommes), les violences psychologiques et les violences verbales pour les deux genres étaient associés avec la santé perçue.ConclusionCette étude souligne le rôle des facteurs psychosociaux au travail, classiques et émergents, comme facteurs de risque d’une mauvaise santé perçue et met en exergue que l’environnement psychosocial au travail, non seulement les dimensions du modèle dujob strainde Karasek, mais aussi des facteurs plus récents, devraient faire l’objet de mesures préventives pour l’amélioration de la santé au travail.