En France, le cancer du sein est le plus fréquent des cancers chez la femme avec près de 49 000 nouveaux cas et 12 000 décès en 2012. Il constitue un problème de santé publique et la recherche et la lutte contre les facteurs favorisant sa survenue est donc primordiale. En pratique clinique, en oncologie, le recueil des facteurs de risque « classiques » est réalisé dès la consultation initiale. Dans le cas du cancer du sein, le recueil des facteurs de risque hormonaux et héréditaires est ainsi réalisé dès la première consultation puis soumis à investigation lorsque cela est applicable. L’interrogatoire professionnel reste actuellement succinct ne reprenant en général que l’activité en cours ou la dernière exercée pour les patients retraités et il ne fait pas l’objet d’investigations complémentaires. Au vu des récentes données confirmant les relations entre survenue de cancer du sein et certaines expositions professionnelles, nous nous sommes intéressés à la manière dont on pouvait, dans un service d’oncologie, intégrer ces nouvelles données et dans un deuxième temps créer des connexions entre les services d’oncologie et de médecine du travail. Le premier objectif a donc été de créer un questionnaire utilisable en consultation par les cliniciens, non spécialiste de médecine du travail. Ce questionnaire se devait d’être simple et rapide à réaliser. Celui qui a été proposé est actuellement en test et reprend chacune des différentes professions exercées lors du parcours professionnel de la patiente en s’intéressant plus particulièrement à la profession qui a été exercée sur la plus longue durée et à celles qui peuvent faire évoquer une quelconque exposition à risque. Pour chacune d’entre elles, les items suivants sont ensuite abordés : employeur, lieu et période de travail puis plus spécifiquement la question des horaires de travail décalés ou de nuit, les expositions aux produits chimiques et à d’éventuels perturbateurs endocriniens. L’objectif de ce questionnaire est de « dépister » les patientes qui pourraient avoir été exposées lors de leur parcours professionnel. En cas d’exposition suspectée, la ou le patient sera adressé au professionnel de médecine du travail pour une enquête plus approfondie qui confirmera ou non l’exposition à des facteurs professionnels considérés à risque pour la pathologie cancéreuse mammaire. En l’absence d’exposition suspectée après ce premier recueil, l’enquête s’arrêtera pour le cancérologue mais ces données pourront être transmises aux statisticiens de santé au travail comme base de comparaison. Dans notre centre, nous avons donc développé un questionnaire en cours de validation auprès des différents oncologues qui prennent en charge des patientes traitées pour un cancer du sein. Le questionnaire est proposé aux patientes qui sont vues en consultation initiale. Suite aux premiers questionnaires, certaines patientes « à risque » ont été identifiées. Il a donc été proposé à celles-ci d’être contactées par téléphone par un professionnel de santé au travail, dans ce cas concret par un médecin du travail, afin de réaliser une enquête plus approfondie. Les questionnaires ne sont utilisés que depuis quelques semaines et les enquêtes viennent tout juste de débuter. Le questionnaire puis l’enquête qui en découle sont donc encore à valider. L’objectif de ce travail n’est pas d’attribuer une origine professionnelle à un cancer du sein déterminé. Il est de faciliter l’accès à une investigation d’une étiologie professionnelle éventuelle. L’enjeu statistique de ces inclusions est d’avoir un maximum de cas incidents sur un territoire donné et de travailler uniquement sur cet échantillon de patients.