IntroductionLa greffe combinée foie et rein est une prise en charge rare de deux défaillances d’organe qui peuvent être indépendantes ou les conséquences l’une de l’autre. L’hétérogénéité des indications rend difficile toute interprétation des résultats des larges études de cohorte en vue de l’appliquer à un cas particulier. Cependant, savoir poser une indication adaptée en particulier dans les cas d’insuffisance rénale aiguë chez des patients en attente d’une greffe hépatique est un véritable enjeu éthique car les données récentes de la littérature suggèrent une récupération fréquente en post-transplantation[1].Patients et méthodesNous avons réalisé une analyse rétrospective, monocentrique, descriptive des données épidémiologiques hépatiques et rénales de tous les patients adultes ayant bénéficié d’une greffe combinée au CHRU entre 1989 et 2015 afin de décrire et comparer les indications néphrologique et hépatique de greffe combinée. Quarante-sept patients, opérés par une seule et même équipe chirurgicale, ont été inclus comportant 23 indications de greffe combinée portées par des néphrologues (gp1) et 24 indications portées par des hépatologues (gp2).RésultatsLa survie globale à 1 an (84,7 %), 3 ans (77,2 %) et 5 ans (74,5 %) était comparable à celle retrouvée dans la littérature. Celle-ci était différente entre les deux groupes (gp1 vs gp2) à 1 an (86,5 vs 82,6 %), 3 ans (81 vs 72,1 %) et 5 ans (75,2 vs 72,9 %). La survie rénale était plus faible à 1, 3 et 5 ans dans le groupe 2 alors que le nombre de greffes rénales préemptives ou la durée de dialyse pré-greffe dans ce groupe était plus faible.DiscussionNotre travail présente l’une des plus grosses cohortes monocentriques de greffe combinée en France. Nos résultats suggèrent une différence de survie globale et rénale en fonction de l’indication hépatique ou rénale de cette greffe. La morbi-mortalité associée à la greffe combinée en comparaison à celle de rein seul doit pousser le néphrologue à mesurer les indications hépatiques. Chez les patients cirrhotiques présentant une insuffisance rénale aiguë ou rapidement progressive, les résultats mitigés de survie rénale doivent inciter le néphrologue à évaluer plus rigoureusement le diagnostic de ces patients.ConclusionCe travail nous amène à proposer plus systématiquement la réalisation de mesure du DFG, de ponction biopsie rénale par voie transjugulaire pour optimiser la sélection des patients pour une telle indication afin d’épargner les greffons dans le contexte actuel de pénurie.