IntroductionLesNocardia, bactéries principalement pathogènes chez les patients immunodéprimés, peuvent induire de sévères infections avec une incidence de 0,7 à 3 % après une transplantation d’organe[1]. Le diagnostic de nocardiose est rendu difficile par l’absence de marqueurs clinico-biologiques spécifiques et le besoin d’une culture prolongée pour identifier le germe. Nous rapportons ici le cas d’une patiente ayant eu une transplantation rénale, atteinte d’une nocardiose cutanée disséminée, associée à une élévation des β-d-glucanes (βDG).ObservationUne patiente âgée de 67 ans, ayant eu une greffe rénale en 2011 (vascularite à ANCA), poursuivant mycophénolate mofétil, tacrolimus et prednisone, a été hospitalisée fin 2014 pour hyperthermie. L’examen clinique n’a isolé qu’un ulcère inflammatoire de la main droite apparu après jardinage, avec adénopathie axillaire satellite. Le syndrome inflammatoire était modeste (CRP : 21 mg/L), la biopsie cutanée n’a isolé aucun germe ou filament mycélien et l’ensemble des prélèvements étaient négatifs. Seuls les βDG étaient augmentés (2000 ng/mL), sans infection fongique identifiée. L’évolution sous une première ligne probabiliste par 15 jours d’amoxicilline–acide clavulanique–azithromycine était défavorable : la CRP s’élevait à 77 mg/L, les βDG restaient très positifs à 2326 ng/mL. Le drainage chirurgical de l’adénopathie a permis finalement d’identifier uneNocardia nova.Le bilan d’extension a révélé une localisation secondaire cérébrale. Sous traitement par imipénème–triméthoprime–sulfaméthoxazole, l’évolution a été satisfaisante, avec obtention de l’apyrexie, régression des βDG et guérison cutanée en respectivement 2, 6 et 11 jours.DiscussionLa nocardiose n’est pas si rare en transplantation d’organe, où elle est favorisée par la corticothérapie via l’inhibition de l’immunité cellulaire (seule active contre cette bactérie). Son diagnostic est souvent difficile et dans notre cas, la positivité des βDG nous a initialement conduit à rechercher une infection fongique. Une interférence entreNocardiaet test biologique des βDG a cependant été rapportée[2].ConclusionLa positivité des βDG ne doit pas éliminer cette infection pourtant bactérienne et pourrait au contraire guider l’orientation diagnostique et faire prolonger les cultures.