IntroductionLa carbamylation est une modification post-traductionnelle non enzymatique correspondant à la fixation irréversible d’acide isocyanique sur les groupements aminés des protéines. La principale source endogène d’acide isocyanique étant l’urée, cette réaction est augmentée au cours de l’insuffisance rénale. Notre étude a consisté à évaluer le comportement de l’homocitrulline (HCit), résidu d’acide aminé résultant de la carbamylation de la lysine (Lys), au cours de l’IRA, et de déterminer s’il permettait de différencier IRA et IRC.Patients et méthodesDes dosages d’HCit ont été réalisés par chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse en tandem chez 214 patients : 39 en IRA pure (IRA), 30 présentant une IRA surajoutée à l’IRC (IRA/IRC) et 145 en IRC pure (IRC). Des cinétiques d’évolution des concentrations d’urée et d’HCit chez 5 patients atteints d’IRA ont également été réalisées.RésultatsLes concentrations d’HCit exprimées en μmol/mol de Lys étaient en moyenne de 241,7 (IC 95 % [195,5–287,9], 443,5 (IC 95 % [335,3–551,7]) et 560,5 (IC 95 % [511,7–609,3]) pour les groupes IRA, IRA/IRC, et IRC, respectivement. Ces concentrations étaient significativement plus faibles dans le groupe IRA que dans les groupes IRA/IRC et IRC. Une corrélation significative entre la concentration d’HCit et l’urémie a été retrouvée dans les trois groupes. Une concentration seuil de 300 μmol d’HCit/mol de Lys peut être proposée pour différencier les patients atteints d’IRA et d’IRC (valeur prédictive positive de 91 %). Les cinétiques réalisées chez les patients en IRA montrent un décalage dans le temps des concentrations maximales d’HCit et d’urée, avec une concentration maximale d’urée atteinte de façon plus précoce.Discussion et conclusionL’HCit qui, contrairement à l’hémoglobine carbamylée ne subit pas de variations liées à la modification de la durée de vie des hématies, semble constituer un marqueur intéressant de différenciation de l’IRA et IRC.