ObjectifPréciser s’il existe une association non fortuite entre narcolepsie et Schizophrénie, et préciser la prise en charge diagnostique et thérapeutique des patients avec narcolepsie et symptômes d’allure psychotique chez l’enfant et l’adulte.MéthodesNous avons réalisé la description clinique et phénoménologique d’une série de 5 cas cliniques puis une revue systématique PubMed pour la narcolepsie avec les thèmes suivants :psychosis, schizophrenia, delusion, side effects, safety, bipolar disorder.RésultatsNous avons inclus et analysé 100 des 187 articles trouvés au 27 avril 2020, ainsi que ceux pertinents des bibliographies des articles inclus. Il existe 3 groupes de patients : (i) dans la narcolepsie, les symptômes d’allure psychotique sont classiquement des hallucinations à prédominance visuelle et survenant à la frontière du sommeil, reconnues comme des expériences non réelles, et imputées à des intrusions du sommeil paradoxal dans la veille ; (ii) certains patients avec narcolepsie présentent des hallucinations atypiques ou confusions rêve-réalité, pouvant mener à des reconstructions délirantes, et ; (iii) quelques patients présentent un trouble du spectre de la schizophrénie comorbide avec symptômes psychotiques sans rapport avec le sommeil. Les psychostimulants utilisés dans le traitement de la narcolepsie peuvent déclencher des décompensations psychotiques dans chacun des 3 groupes. Nous avons analysé 58 cas cliniques publiés appartenant aux groupes 2 et 3 (narcolepsie avec symptômes d’allure psychotique atypiques,n = 17, et narcolepsie comorbide d’un trouble du spectre de la schizophrénie,n = 41). Les patients du groupe 2 présentent plus d’hallucinations visuelles et multimodales, et des thématiques délirantes plus souvent sexuelles et mystiques avec faux souvenirs que les patients du groupe 3. Les patients du groupe 3 avaient cependant plus souvent des symptômes désorganisés et un âge de début de la narcolepsie plus précoce.ConclusionLes données épidémiologiques ne suggère une association possible entre narcolepsie et schizophrénie que pour les cas à début très précoce, ce qui pourrait impliquer de possibles mécanismes physiopathologiques communs impliquant le neurodéveloppement comme observé chez ces patients. Nous proposons un algorithme pour la prise en charge des différentes situations cliniques avec symptômes psychotiques ou d’allure psychotique.