Dans la Déclaration d’Astana (2018), l’Organisation mondiale de la santé insiste sur l’urgence de renforcer nos systèmes de santé et sur la pertinence du modèle des soins de santé primaires (SSP) pour y parvenir, y compris en ce qui concerne les soins autour de la fin de vie. À la lumière des principes de SSP, cet article présente et questionne l’organisation actuelle des soins palliatifs en Belgique : répondent-ils à leurs principaux critères que sont la globalité, l’accessibilité, l’acceptabilité, la permanence et la continuité des soins ? Si l’accompagnement palliatif est dispensé à tous les étages de la pyramide des soins, le socle – la première ligne – en supporte bien une large partie. Cette organisation encourage une pratique où les professionnels de santé de proximité – le médecin traitant et l’infirmière de famille – sont les principaux acteurs de l’accompagnement. Les spécialistes du secteur palliatif n’interviennent qu’en support, pour soutenir les professionnels de première ligne en difficulté ou pour leur permettre d’accompagner des situations particulièrement complexes. Le décloisonnement des spécialités de santé et la rencontre des soins palliatifs avec les SSP apporte ici un gain de qualité et de sens. Cependant, cet autre regard sur nos soins révèle aussi certains manques – en particulier financiers – et certaines pratiques inadéquates qui mettent en péril un modèle pourtant durable, à la hauteur des défis d’aujourd’hui et de demain.