ObjectifsL’objectif de cette étude était d’estimer la prévalence des démences parmi les résidents d’établissements pour personnes âgées dépendantes en fin de vie et de comprendre dans quelle mesure la démence était associée aux caractéristiques de la prise en charge au cours du dernier mois de vie.Patients et méthodesLes dossiers de 674 résidents d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes décédés de façon non-soudaine entre le 1eroctobre 2013 et le 31 mai 2014 ont été inclus de façon prospective grâce à la mise en place d’un réseau sentinelles de 78 médecins coordonnateurs répartis dans 31 départements de France métropolitaine.RésultatsAu total, un diagnostic de démence avait été posé par un médecin pour 70,9 % des résidents décédés, dont 23,1 % de troubles légers à modérés (scoremini mental state[MMS] supérieur ou égal à 10) et 47,8 % de troubles sévères (MMS ≤ 9). L’existence d’un diagnostic de démence apparaît corrélé à une trajectoire de prise en charge moins « intensive » au cours du dernier mois de vie, avec notamment une probabilité plus faible d’être hospitalisé en urgence (odds ratio[OR] : 0,55 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95 %] : 0,38–0,79), et de décéder à l’hôpital (OR = 0,57 ; IC95 % = 0,36–0,89). En revanche, les résidents atteints de démence sévère avaient une probabilité plus faible de recevoir des antalgiques de palier 3 au cours des dernières semaines de vie.ConclusionsLes démences affectent significativement les conditions d’accompagnement de la fin de vie dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Cette réalité nécessite des compétences spécifiques et des outils adaptés pour répondre aux besoins des résidents et de leurs proches.