Nous présentons le cas clinique d’un homme de 46 ans, ancien éthylique, toxicomane par voie intraveineuse (héroïne puis cocaïne) depuis 27 ans, substitué par 40 à 60 mg/jour de méthadone, sous trithérapie anti-VIH bien suivie, et bithérapie anti-VHC depuis un an. Il est hospitalisé depuis une semaine pour une endocardite tricuspidienne à staphylocoque doré méthicilline-sensible, et présente un état douloureux rebelle avec des douleurs thoraciques nociceptives (infarctus pulmonaires septiques multiples) ; des paresthésies et décharges électriques nocturnes (score EVA 3–4) dans le territoire des nerfs fibulaires avec troubles de sensibilité superficielle (score DN4 6/10) ; une amyotrophie des mollets, une diminution des réflexes achilléens ; une anesthésie douloureuse de la rotule gauche, intense (score EVA 8) avec des troubles sensitifs objectifs à tous les modes (score DN4 5/10). Le patient rapporte l’extravasation d’une injection de cocaïne dans une veine superficielle croisant le trajet du nerf cutané antérieur médial de la cuisse. La gabapentine a permis de diminuer les paresthésies distales et les douleurs du genou. Les mécanismes de ces douleurs neuropathiques sont discutés : neuropathie périphérique, neurotoxicité directe de la cocaïne.