Contexte et objectifs :Plus de deux adultes sur trois souffrant de douleur chronique présentent une altération de leur sommeil (Morin, 1998, Smith, 2000). Des études réalisées auprès de grands brûlés ou de patients souffrant de douleur chronique font étatd’effets bidirectionnels, à savoir qu’une nuit marquée par une difficulté à dormir peut être suivie d’une douleur plus intense le lendemain et, vice-versa, une journée marquée par une vive douleur est souvent suivie d’une mauvaise nuit de sommeil (Affleck, 1996, Raymond, 2001). La caractérisation des altérations nocturnes est essentielle pour comprendre les mécanismes cérébraux d’intégration de la douleur et les conséquences cérébrales de syndromes douloureux. Les patients présentant un syndrome douloureux ont de fréquents micro-réveils à tout moment de la nuit, y compris pendant le sommeil profond, laissant supposer que celui-ci n’agit pas comme un analgésique (Raymondet al. 2001, Moldofsky 2001).Il a été longtemps admis que, au cours du sommeil, l’information sensorielle était bloquée à un niveau très précoce de son traitement par le système nerveux central, notamment en raison de mécanismes inhibiteurs au sein du thalamus (Pompeiano 70, Steriadeet al. 90). Malgré l’existence de ces mécanismes de contrôle des informations externes, l’hypothèse d’un isolement sensoriel a été remise en cause par des études électrophysiologiques chez l’Homme. Ces études, utilisant pour la plupart la technique des potentiels évoqués, ont apporté des arguments en faveur non seulement d’un transfert, mais également d’une analyse de l’information sensorielle par le cerveau endormi (Cfr. Bastuji et Garcia-Larrea 1999, 2006). L’étude, que nous avons débutée chez des sujets sans pathologie douloureuse, est le premier pas vers le développement d’un modèle expérimental de stimulation douloureuse itérative au cours du sommeil, applicable en clinique et permettant d’établir quelles anomalies de la structure du sommeil peuvent être induites par des douleurs calibrées cutanées.Notre projet tente de caractériser, en termes comportementaux et électrophysiologiques, le traitement de l’information nociceptive au cours du sommeil chez des sujets sains. Nous souhaitons également établir, par des enregistrements intracrâniens, les rapports entre activité thalamique et néo-corticale au cours de la stimulation douloureuse survenant lors du sommeil et plus particulièrement pendant le sommeil paradoxal.Résultats :1- Nous avons récemment complété la première investigation électrophysiologique et comportementale des réponses à la stimulation nociceptive au cours de l’ensemble des phases du sommeil chez des sujets sains. La réalisation de potentiels évoqués au laser (PEL) au niveau du scalp a permis de vérifier la persistance d’une analyse cérébrale, stade...