En presque 20 ans, le paysage de la surveillance des infections nosocomiales en réanimation a changé. LesCenters for Diseases Controlaux États-Unis ont défini les principes et les méthodes de surveillance en réanimation : expression de taux rapportés à la durée de procédure au site de l’infection, utilisation de la surveillance pour une rétro-information, la définition et le suivi d’actions de prévention. Les autres systèmes nationaux de surveillance ont adopté, peu ou prou, ces principes. Même si aucune étude n’a évalué le rapport coût (charge de travail)–bénéfice (impact sur les taux) de ces méthodes, les taux ont diminué dans de nombreux réseaux, dont ceux de France. La surveillance est avant tout utile localement. À l’échelle d’un réseau, l’utilisation des taux pour évaluer, comparer et parfois afficher les performances pose des problèmes spécifiques : l’infection liée au cathéter pourrait constituer un bon indicateur de qualité, mais les limites aux comparaisons sont nombreuses : reproductibilité de l’identification de l’infection, ajustements sur les comorbidités, précision de la surveillance… Les indicateurs de pratiques sont de plus en plus souvent utilisés, avec un impact net sur les taux d’infection, quand ils sont associés entre eux, intégrés à une approche multifocale (comprenant d’ailleurs aussi la surveillance des infections). Si la surveillance des taux d’infection reste une composante indispensable des programmes de prévention, son intensité et sa complexité doivent être équilibrées avec l’utilisation d’indicateurs de pratiques, dans un contexte financier et de moyens limités.