IntroductionCette étude avait pour but d’évaluer les résultats des reconstructions digitales par transfert partiel d’orteil chez l’adulte. Pour tous les patients, la reconstruction microchirurgicale était secondaire à une amputation de la pulpe ou à une destruction articulaire traumatique de l’IPP.Matériel et méthodeDix-huit transferts partiels d’orteil ont été réalisés depuis décembre 1997. La série incluait 9 transferts pulpaires, 4 transferts articulaires de l’IPP et 4 transferts composites ostéo-onychopulpaires taillés sur mesure. L’âge moyen de la population était de 27 ans (9 à 41 ans). À huit reprises il s’agissait d’une reconstruction du pouce ; dans 10 cas la reconstruction intéressait un doigt long, dont tous les transferts articulaires. Le délai moyen entre le traumatisme et la reconstruction microchirurgicale était de 1,3 mois. Douze fois il s’agissait d’un transfert à pédicule court, la dissection s’arrêtant à la face dorsale de la première commissure du pied. Elle a comme principal avantage de limiter la rançon cicatricielle sur le site donneur.RésultatsTrois patients ont dû être repris en urgence pour une révision des sutures artérielles. Malgré cela, un transfert a évolué vers la nécrose. La sensibilité des pulpes transférées a été évaluée par le test de Weber. Les résultats montraient une discrimination comprise entre 7 et 11 mm avec un recul moyen de 14,3 mois. L’aspect esthétique était jugé bon malgré une dystrophie unguéale modérée chez les patients ayant bénéficié d’un transfert composite distal. Tous les patients, à l’exception d’un, ayant bénéficié d’une reconstruction pulpaire du pouce ont jugé le résultat très bon. Dans chaque cas, la marche a pu être reprise au 5ejour postopératoire et le port de chaussures fermées a été possible environ 1 mois après l’intervention. Le résultat des transferts articulaires a été jugé bon avec un enroulement digital satisfaisant, malgré un déficit d’extension de l’IPP de 30° en moyenne.Discussion et conclusionAu terme de cette série encore relativement courte, il apparaît que le transfert partiel d’orteil répond au mieux aux objectifs fonctionnels et esthétiques de la prise en charge des pertes de substances étendues et/ou composites des doigts. Les propriétés de resensibilisation et la possibilité de transférer tout ou partie du complexe unguéal en fait notre choix privilégié pour la reconstruction digitale distale. Le transfert articulaire nous semble également tout à fait justifié notamment chez l’adulte jeune malgré des résultats imparfaits.