L’insuffisance rénale aiguë est une pathologie très fréquente en réanimation et ses causes sont extrêmement nombreuses. Parmi elles se trouve une entité méconnue : la néphropathie cholémique, aussi appelée tubulopathie à la bilirubine. Elle survient en contexte de cholestase ictérique, quelle qu’en soit l’origine, et son spectre clinique peut comporter différents degrés d’atteinte tubulaire avec ou sans défaillance rénale associée. La néphropathie cholémique a fait l’objet d’un regain d’intérêt récent dans la littérature qui suggère le caractère largement sous-diagnostiqué de cette pathologie. Les données concernant cette pathologie restent à ce jour limitées, sa physiopathologie est en partie mal comprise et son diagnostic est pour le moment exclusivement histologique malgré l’absence de critères anatomo-pathologiques clairement établis. De récentes études sur modèle expérimental et humain ont permis d’ouvrir la voie à des thérapeutiques spécifiques comme l’acide nor-ursodésoxycholique. La meilleure connaissance et le traitement curatif de cette néphropathie pourraient amener à modifier la prise en charge d’un nombre non négligeable de patients dans les prochaines années.