Le nombre d’anesthésies réalisées chez des femmes ayant une grossesse méconnue est estimé entre 0,15 % et 2,2 % de l’ensemble des interventions effectuées chez les femmes en âge de procréer. Une chirurgie réalisée chez une femme enceinte est potentiellement à risque de complications maternelles et/ou embryofœtales. Il est donc important en cas de dépistage d’une grossesse méconnue, d’avoir la possibilité de discuter des risques avec une patiente informée et d’adapter les techniques chirurgicales et anesthésiques le cas échéant. S’il est établi que les agents anesthésiques utilisés aux concentrations cliniques et dans le respect de la physiologie maternelle ne sont pas tératogènes, les risques de fausses couche ou d’accouchements prématurés sont augmentés par la chirurgie et l’anesthésie en cours de grossesse. De fait, de nombreuses sociétés savantes y compris la Société française d’anesthésie et de réanimation (Sfar) préconisent aujourd’hui un dépistage systématique de la grossesse chez les femmes en âge de procréer avant tout acte nécessitant une anesthésie. Ce dépistage s’appuie dans un premier temps sur un interrogatoire ciblé afin de préciser l’éventualité d’une grossesse. S’il existe un doute, le recours à un dosage plasmatique de la sous-unité β de l’hormone chorionique gonadotrope (test de sensibilité et de spécificité de 100 %) après consentement de la patiente, est recommandé. En cas de confirmation de la grossesse, et en fonction de la balance du bénéfice/risque maternofœtal, le report de l’intervention doit être envisagé chaque fois que possible.