Objectif. –Validation de la dosimétrie biologique par rapport à la dosimétrie physique réalisée sur 15 patients atteints d'hémopathie maligne et traités par irradiation corporelle totale avant transplantation médullaire.Matériel et méthodes. –La dosimétrie biologique est réalisée par le dénombrement des aberrations chromosomiques lymphocytaires chez un sujet, comparées à celles observées chez des volontaires sains dont les lymphocytes ont été irradiés in vitro (courbes dose–effet). Les données humaines publiées sont fondées sur une évaluation rétrospective des doses, avec de très larges incertitudes sur la dose réellement délivrée. L'irradiation corporelle totale avant transplantation de moelle osseuse est le seul modèle humain de radiothérapie homogène d’un corps en totalité avec une connaissance parfaite de la dose délivrée par dosimétrie physique. Nous avons utilisé ce modèle pour établir la dosimétrie biologique avec les lymphocytes périphériques circulants de 15 patients avant et après la première fraction de 1,8 Gy, délivrée par un accélérateur linéaire de 18 MV (débit de dose : 15,8 cGy·min–1). L'établissement in vitro des courbes de référence a été réalisé sur le sang de volontaires sains par deux méthodes différentes : la cytogénétique classique, détectant les aberrations chromosomiques instables (dicentriques) et la méthode de FISH-peinture du chromosome 4 avec marquage pancentromérique (hybridation in situ des chromosomes en fluorescence), détectant les aberrations chromosomiques stables (translocations). Les mêmes méthodes ont été utilisées pour les patients participant à l’étude, les anomalies chromosomiques étant dénombrées à 0 Gy et après la première fraction d'irradiation corporelle totale (1,8 Gy).Résultats. –Chez les volontaires, avant irradiation in vitro, on a noté l’absence de dicentriques (1/1 091, soit 0,1 %), ainsi que le faible nombre de translocations du chromosome 4 (3/900, soit 2,5 % pour tout le génome après extension grâce à la formule de Lucas). Chez les patients, avant irradiation in vivo, on a noté 2 % de dicentriques (46/2 491) et 1,24 % (32/2 566) de translocations du chromosome 4, soit 11,48 % d'après la formule de Lucas pour tout le génome. Cela témoigne probablement du passé thérapeutique (chimiothérapie) de ces patients. Chez les 15 patients, pour une dose physique de 1,8 Gy, la dose biologiquement évaluée était de 1,93 Gy (IC 95 % : 1,85–2,05) par la méthode de cytogénétique classique et 2,02 Gy (IC 95 % : 1,75–2,15) par FISH.Conclusion. –La dosimétrie biologique est dans ce cas de figure en parfait accord avec la dosimétrie physique.