IntroductionLes bactéries du microbiote intestinal sont susceptibles de métaboliser les acides gras polyinsaturés (AGPI) en isomères conjugués, notamment en CLA (conjugated linoleic acid). Des propriétés anti-obésité et insulino-sensibilisantes sont associées à l’administration orale de certains CLA mais on ignore l’impact d’une production « endogène » de ces métabolites bactériens sur l’hôte. L’objectif de notre étude in vivo chez la souris est de déterminer la distribution intestinale et systémique des CLA produits de manière « endogène » à partir des lipides alimentaires.Matériels et méthodes12 souris C57BL/6J ont été injectées avec du Tyloxapol, un inhibiteur de la lipoprotéine lipase (LPL) qui conduit à une accumulation sérique des lipides absorbés dans l’intestin. Trente minutes plus tard, six souris ont été gavées avec de l’huile de tournesol (200 μl), riche en acide linoléique omega-6, alors que les 6 autres ont reçu de l’huile de lin (200 μl), riche en acide alpha-linolénique omega-3.RésultatsLa production la plus importante d’acide ruménique (c9t11-C18 : 2) et vaccénique (t11-C18 : 1), deux métabolites majoritaires de l’acide linoléique, est observée dans la partie distale de l’intestin (caeco-colon) des souris ayant reçu l’huile de tournesol. Cependant, les augmentations de CLA dans le caeco-colon ne se traduisent pas par des modifications de leur concentration sérique. Aucune modification significative de ces métabolites bactériens n’est détectée dans le jéjunum et l’iléon.ConclusionCes résultats suggèrent que la production majoritaire de CLA a lieu dans les parties distales de l’intestin, où le nombre de bactéries capables de les synthétiser (Roseburia spp., Bifidobacterium spp. et Lactobacillus spp.) est le plus important, mais où la capacité d’absorption de ces métabolites lipidiques d’origine bactérienne est théoriquement inexistante. Les modifications des teneurs en CLA dans les tissus intestinaux suggèrent un rôle local de ces isomères sur le métabolisme intestinal.