IntroductionLa relation entre le débit de filtration glomérulaire (DFG) et le développement d’une hyperglycémie est méconnue dans la population générale. Nous avons analysé si le DFG estimé à l’inclusion était prédictif sur 9 ans de l’incidence du diabète au sein d’une large cohorte de sujets d’âge moyen de la population, D.E.S.I.RPatients et méthodesNous avons étudié 5 091 individus non-diabétiques avec une glycémie < 7,0 mmol/l à l’inclusion. Le DFG a été estimé à partir de la créatininémie selon la formule du MDRD (ainsi que, en analyse de sensibilité, avec la récente formule CKD-EPI). L’association entre la distribution du DFG, en quintiles, et l’incidence à 9 ans du diabète a été étudiée par régression logistique.RésultatsLe DFG estimé à l’inclusion différait selon le sexe (hommes : 87 ± 14 ml/min, femmes : 80 ± 13). La distribution des nouveaux cas de diabète différait selon les quintiles de DFG : du premier, DFG faibles, au cinquième, 58 diabétiques/929 sujets (5,9%), 33/967 (3,3%), 31/973 (3,1%), 44/956 (4,4%) et 37/969 (3,7%), respectivement. Un DFG abaissé (quintile inférieur, 19-72 ml/min) était associé au risque de diabète à 9 ans par rapport au quintile médian (référence). Cette association persistait après ajustement pour l’âge, le sexe, le tour de taille, l’IMC, la glycémie, la triglycéridémie, la pression systolique et la microalbuminurie (quintile inférieur par rapport au quintile médian, OR: 2,04 ; IC 95% : 1,18-3,57, p = 0,01), et était notée quelle que soit la formule d’estimation, ou le type d’analyse en quartiles ou en quintiles, sans interaction avec le sexe.ConclusionLes niveaux les plus bas de DFG ont été associés au risque de diabète dans une population générale, suggérant un effet délétère de l’insuffisance rénale, direct ou lié à sa prise en charge, ou l’existence de facteurs communs, indépendants de l’obésité, prédisposant à la fois à l’insuffisance rénale et au diabète.