IntroductionL’efficacité de la chirurgie bariatrique dépend de la perte de poids obtenue à terme, mais aussi de l’amélioration ou la « disparition » apparente de comorbidités telles que le diabète de type 2 et de la survenue de complications. Les causes des échecs de la chirurgie sont peu connues, et il a été récemment proposé que des facteurs génétiques puissent en influencer les résultats. Si les mutations non-synonymes pertes de fonction du récepteur 4 aux mélanocortines (MC4R) sont les plus fréquentes causes d’obésité monogénique, deux variants gain-de-fonction protecteurs contre l’obésité ont aussi été décrits.Patients et Méthodes2 199 patients obèses suisses opérés par chirurgie bariatrique ont été suivis pendant 6 ans. Les données cliniques et de comportement alimentaire ont été collectées à l’inclusion. L’évolution de la corpulence et des comorbidités, l’apparition de complications et la nécessité de réopération ont été collectées tous les ans. Les sujets ont été répartis en 3 groupes suivant leur génotype pourMC4R: porteur d’une mutation perte de fonction (N = 24), d’un variant gain-de-fonction (N = 70), ou contrôle (N = 1 301).RésultatsA l’inclusion, les patients porteurs d’une mutation sont significativement plus jeunes (-5 ans, p = 0,02) et plus obèses (+5,5 kg/m2, p = 3,4 × 10-5). Ils sont plus fréquemment «binge eaters» (p = 0,007) et sont plus souvent opérés par diversion bilio-pancréatique. Au bout de 6 ans, leur IMC est toujours plus élevé (35,0 vs.31,4 kg/m2, p = 6,5 × 10-3) même si ils ont perdu un peu plus de poids (p = 0,04). La corpulence des porteurs d’un variant gain-de-fonction est similaire aux contrôles. Par contre, ils sont plus souvent «binge eaters» (p = 0,007) et moins « sweet eaters » (mangent moins de sucre) (p = 0,014) et nécessitent plus de réopérations (3 × 10-4).ConclusionCette étude montre que les sujets porteurs de mutations deMC4Rse distinguent des autres sujets obèses face à la chirurgie bariatrique avec une obésité plus précoce et plus sévère et des résultats insuffisants 6 ans après l’opération. On peut s’interroger sur l’intérêt de recommander l’inclusion du génotypageMC4Rpour une meilleure prise en charge chirurgicale et post chirurgicale des obèses morbides.