IntroductionLa LLA et le LNH sont deux affections malignes très fréquentes chez l’enfant et sont traités selon des protocoles comparables incluant différentes combinaisons de chimiothérapie (chimio), irradiation crânienne (chimio+ IC) et greffe de moelle osseuse après irradiation corporelle totale (chimio+GMO/ICT). Nous avons voulu étudier les complications métaboliques survenant à long terme chez des survivants d’une LLA ou d’un LNH traités au cours de l’enfance.Patients et méthodes94 patients (48 H ; âge moyen : 24 ± 5 ans), traités pour une LLA (n = 78) ou un LNH (n = 16) durant l’enfance (suivi moyen : 15 ± 5 ans), ont été subdivisés selon le traitement reçu : chimio seule (groupe I, n = 44), chimio+IC (groupe II, n = 32) et chimio+GMO/ICT (groupe III, n = 18). Nous avons analysé la glycémie à jeun et la sensibilité à l’insuline par test HOMA, le profil lipidique, la composition corporelle ainsi que les concentrations sériques d’adiponectine et de leptine.RésultatsDans le groupe III, une résistance à l’insuline (HOMA-S < 60 %) était observée chez 76 % des patients (vs.14 % et 16 % des patients dans les groupes I et II ; p < 0,001) et la glycémie à jeun (92 [76-137] mg/dl) était plus élevée (groupe I : 85 [78-97] mg/dl et groupe II : 86 [75-96] mg/dl, p < 0,01). 56 % des patients dans le groupe III avaient une dyslipidémie, alors que le profil lipidique était normal dans les autres groupes. Bien que l’IMC moyen était normal et similaire dans les trois groupes, les patients traités par chimio+GMO/ TBI avaient une masse grasse abdominale augmentée, indépendamment du sexe. Par rapport aux groupes I et II, ces patients avaient aussi des valeurs de leptine plus élevées (13,9 [5,4-62,4]vs6,5 [1,2-44,7] et 8,9 [1,4-48,6] ng/ml ; p < 0,01) et des concentrations d’adiponectine plus basses (2,7 [1,0-10,6]vs8,1 [2,7-14,5] et 7,6 [2,6-13,3] μg/ml ; p < 0,01).ConclusionAprès traitement pour une LLA ou un LNH durant l’enfance, le profil métabolique des patients traités par chimiothérapie seule ou en association avec une irradiation crânienne est normal après un suivi moyen de 15 ans. Par contre, les patients traités par greffe de moelle osseuse et irradiation corporelle totale ont un profil métabolique très défavorable (caractérisé par une insulinorésistance, une dyslipidémie, une graisse viscérale augmentée, et une adiponectine basse), et sont donc à risque de développer un diabète de type 2.