IntroductionL’erreur de diagnostic est relativement fréquente en rhumatologie.La pensée médicale utilise différentes ressources, pendant l’interaction médecin–patient. Ses ressources cognitives ne sont pas forcément conscientes, et elles utilisent des voies neuronales tantôt rapides, de l’ordre du réflexe ; tantôt réflexives, lentes et coûteuses en énergie. En pratique clinique, le rhumatologue est soumis à une pression au cours de sa consultation, pour décider, alors qu’il dispose d’informations incomplètes. Il doit alors combiner réflexion et action en un temps contraint. Le raisonnement médical utilise alors des raccourcis de la pensée appelés heuristiques. Ce système cognitif rapide est le plus souvent pertinent, mais peu rigoureux et il peut dans certains cas aboutir à des erreurs. Elles sont alors liées à des dévoiements du raisonnement médical rationnels et constituent la contrepartie négative de ces heuristiques.Matériels et méthodesDes cas cliniques ayant aboutis à une erreur de prise en charge ou de diagnostic ont été sélectionnés de manière hebdomadaire et analysés en groupe durant une période de 6 semaines. L’attention étant portée sur le raisonnement médical « technique » mais aussi sur les aspects émotionnels ayant pu contribuer à l’erreur.RésultatsLes biais cognitifs peuvent affecter les différentes pratiques (libérale et/ou hospitalière). Plusieurs biais cognitifs ont pu être mis en évidence. Les biais les plus classiques, comme le biais d’ancrage, le biais de confirmation, sont liés à un trop fort attachement à un diagnostic particulier. À ce titre, le biais du scénario le plus rare est pour la première fois décrit. D’autres biais sont liés à la pathologie et à son mode de diagnostic. Les diagnostics d’élimination comme la fibromyalgie favorisent le biais de fermeture prématurée. Sur le plan individuel, les biais émotionnels sont favorisés, notamment en contexte d’incertitude. La pratique médicale en équipe n’est pas épargnée et est sujette à des biais propres, comme le biais de momentum, le biais de cadrage, et l’instinct de horde.ConclusionLes biais cognitifs existent et sont inhérents à l’exercice médical. Leur reconnaissance constitue une démarche préliminaire mais indispensable, afin d’envisager des stratégies pour s’en prémunir.