ObjectifsQuestionner le vécu subjectif de l’orgasme masculin à partir de témoignages de 923 hommes en couple hétérosexuel : est-il un phénomène complexe ? Se confond-il avec le mécanisme physiologique éjaculatoire ? Le vécu orgasmique est-il commun à tous ou peut-on mettre en évidence des variabilités interindividuelles ? Ces variabilités peuvent-elles être mises en relation avec des caractéristiques sociodémographiques, avec des potentiels troubles sexuels ou des troubles psychologiques ?MéthodeLes données ont été recueillies lors d’une enquête nationale concernant la sexualité. Les thématiques ont été extraites suivant la méthode d’extraction de signification de Chung et Pennebaker. Ces thématiques ont été croisées avec des indicateurs sociodémographiques ainsi qu’avec les difficultés sexuelles et psychologiques auto-rapportées.Principaux résultatsDix thèmes relatifs au vécu de l’orgasme masculins ont été identifiés. Ils témoignent de sensations stricto-sensu, ou de sentiments et émotions. Lorsque les éprouvés s’inscrivent dans la temporalité du processus éjaculatoire, les deux étapes physiologiques de l’éjaculation peuvent être distinguées. Les ressentis ne se résument cependant pas au processus physiologique éjaculatoire ; ils sont également à penser en fonction du contexte relationnel de l’orgasme. Des relations significatives entre les thématiques identifiées, les indicateurs sociodémographiques et ceux liés à la vie sexuelles ont été trouvées. L’analyse des effets d’interactions entre troubles psychologiques, sexuels et vécu orgasmique montre que les dysfonctions sexuelles et les troubles psychologiques se potentialisent l’un – l’autre pour donner sens au vécu de l’orgasme masculin.Discussion/conclusionLe vécu orgasmique masculin est un processus bio-psychosocial complexe. Sa mise en mots apporte des informations sur les troubles rencontrés. Investiguer le discours sur l’orgasme pourrait (i) contribuer à contourner les difficultés que les patients rencontrent lorsqu’il s’agit d’aborder leurs difficultés sexuelles ; (ii) offrir des premiers éléments diagnostiques ; et (iii) favoriser l’établissement d’une alliance thérapeutique optimale.