Objet de l’étudeFusariumspp. est une moisissure environnementale connue en pathologie vétérinaire. Bien que les cas restent rares dans la littérature (moins de 100 publications), les pathologies décrites incluent – comme chez l’homme – des mycotoxicoses et des infections cutanéo-muqueuses ou systémiques, en particulier chez les animaux de compagnie, les animaux domestiques et d’élevage, les mammifères marins, les poissons, les crustacés, les reptiles, et parmi ces derniers, les Testudines (tortues). Divers champignons filamenteux, dont plusieurs espèces deFusariumsont décrites comme à l’origine d’infections chez les tortues terrestres. Chez les tortues marinesCaretta caretta(tortue caouanne) etLepidochelys kempii(tortue de Kemp) des infections tégumentaires ou invasives àFusarium solanisont décrites chez les sujets adultes affaiblis (capture, échouage) ainsi que des infestations des nids en milieu naturel, atteignant œufs et juvéniles et causant des pertes massives lors de la reproduction. Nous illustrons la pathogénicité deFusariumspp. en médecine vétérinaire, au travers de notre expérience concernant les tortuesC. caretta.MéthodesEn 2010, le parc Marineland d’Antibes a pu réaliser pour la première fois en Europe la reproduction en captivité deC. caretta. La première génération a néanmoins été majoritairement atteinte par un agent infectieux à l’origine de lésions cutanées et de différents organes.RésultatsLes prélèvements à visée microbiologique ont permis d’établir le diagnostic de fusariose àF. solani. L’identification des divers isolats a été confirmée en spectrométrie de masse et leur sensibilité aux antifongiques testée. Un traitement antifongique par posaconazole a permis de sauver une partie de la nichée. Une enquête épidémiologique a été menée, des mesures d’hygiènes drastiques mises en place et un protocole prophylactique et curatif défini.ConclusionLes conditions de transmission et de pathogénicité deFusariumspp. chez ces animaux sont discutées ainsi que les mesures de prévention et le traitement. De nouvelles naissances ont eu lieu depuis, et même si quelques cas sporadiques de fusarioses sont de nouveau survenus, une meilleure connaissance et reconnaissance de cet agent pathogène a permis une amélioration du taux de survie des jeunes tortues.