Les gaz digestifs sont la résultante du rapport entre les entrées (air dégluti, gaz produits par les réactions chimiques et par les fermentations bactériennes) et les sorties (éructations et flatulences, consommation bactérienne et absorption sanguine). Un contrôle homéostatique permet d’obtenir un volume de gaz quasi constant dans le tube digestif à jeun avec une augmentation de 65 % après les repas. Des plaintes cliniques en rapport avec les gaz digestifs sont fréquemment rapportées par les patients, ces symptômes pouvant motiver la consultation ou être mentionnés alors que le malade consulte pour une douleur digestive ou un autre motif. Les plaintes sont variées : aérophagie, éructations fréquentes, excès de gaz intestinaux, flatulences malodorantes, ballonnement, météorisme, etc. Les malades ont souvent été l’objet de multiples explorations paracliniques sans anomalies décelées et ont testé diverses thérapeutiques inefficaces. Cette mise au point rappelle tout d’abord la physiologie des gaz digestifs avec les progrès récents sur la tolérance à ces gaz et sur les mécanismes d’adaptation de la paroi abdominothoracique. Les diverses plaintes cliniques sont ensuite abordées en distinguant éructations excessives et aérophagie, émissions rectales excessives et/ou malodorantes en association éventuelle à un syndrome de l’intestin irritable, ballonnement et météorisme abdominal. Actuellement seule la prise en charge diététique a montré son efficacité pour réduire les symptômes intestinaux, aucun traitement médical n’ayant fait la preuve de son efficacité. L’explication du mécanisme de production des gaz intestinaux et l’enregistrement du nombre de flatulences journalières (normal si moins de 20) permettent de rassurer le patient et de centrer le traitement sur l’exclusion des aliments flatulogènes. Le rôle des gaz intestinaux dans la survenue de la pneumatose kystique colique est en revanche bien établi et permet une attitude thérapeutique adaptée si nécessaire. La présence dans le côlon de gaz inflammables et explosifs doit être gardée à l’esprit pour éviter des accidents iatrogènes d’explosion colique.