Lieu commun de l'imaginaire, la migration confronte chacun à l'inconnu, voire à l'étrange et le condamne au doute quant au devenir des autres. Pour celui qui part, s'inscrivent l'espérance d'une vie prospère, la croyance en une affirmation de soi à travers la réalisation d'un rêve et le dépassement d'une actualité médiocre. Dans la société d'accueil, c'est la découverte d'autres modes de vie, le partage de l'espace et la fin d'une assurance, d'une quiétude laissant progressivement la place à un sentiment de saturation et, parfois, d'envahissement. Moteur de l'histoire, cette rencontre entre les individus ou les groupes fut toujours l'occasion de réorganisation spatiotemporelle d'abord, d'aménagement relationnel ensuite. C'est qu'au-delà des sentiments de domination ou d'entraide, d'exclusion ou d'enrichissement mutuel se dresse la question de l'identité mouvante et de l'altérité captivante. Enracinement dans une tradition et acuité des valeurs sont alors mis à rude épreuve par les transformations obligées nées de la présence d'un autre (d'après l'auteur).