IntroductionBien que la fièvre soit alarmante en période néonatale, elle demeure peu étudiée. Le but essentiel de l’évaluation du nouveau-né fébrile est d’éliminer une infection bactérienne (IB) dans les plus brefs délais.ObjectifsLes auteurs de cet article proposent de déterminer les caractéristiques épidémiologiques, cliniques et paracliniques des nouveau-nés hospitalisés dans leur service pour fièvre, de préciser les étiologies retrouvées, d’étudier les facteurs prédictifs d’une IB, d’évaluer l’apport d’un examen complémentaire simple (la CRP dans le diagnostic de l’IB et la surveillance du nouveau-né fébrile) et d’essayer de proposer une stratégie de prise en charge du nouveau-né fébrile.MéthodesIl s’agit d’une étude rétrospective sur dossiers sur une période de deux ans (1er janvier 2003 au 31 décembre 2004). Ont été inclus, tous les nouveau-nés hospitalisés pour fièvre au service de néonatologie du CHU Farhat Hached. Ont été exclus, les nouveau-nés ayant développé une fièvre dans le service. Un bilan infectieux comportant au minimum une NFS et une CRP a été pratiqué chez tous les nouveau-nés. L’antibiothérapie n’était pas systématique. Elle était prescrite d’emblée devant une CRP supérieure à 20 mg/l.RésultatsLes auteurs ont colligé 134 nouveau-nés, dont 87 garçons (sex-ratio = 1,8). L’âge était inférieur ou égal à trois jours dans 65 % des cas, entre quatre et dix jours dans 15 % des cas et supérieur à dix jours dans 20 % des cas. Le délai de consultation était inférieur à 24 heures dans 76 % des cas. La température à l’admission variait de 38 à 39 °C dans 75 % des cas. La fièvre était isolée dans près de la moitié des cas. Les examens complémentaires ont comporté une NFS et un dosage de la CRP dans tous les cas. Au moins une hémoculture a été pratiquée chez 115 nouveau-nés (86 %) ; l’examen des urines a été demandé dans 104 cas (77,6 %), la ponction lombaire (PL) dans 82 cas (61,2 %) et la radiographie de thorax dans 128 cas (95,5 %).Une étiologie infectieuse bactérienne a été retenue chez 47 nouveau-nés (35 %) dont 26 infections maternofœtales. Un traitement antibiotique a été instauré au début chez 66 nouveau-nés (49,2 %) et arrêté au bout de 48 heures chez 19 nouveau-nés devant une CRP négative. Les principaux facteurs prédictifs d’IB en analyse multivariée étaient l’impression clinique de nouveau-né infecté et la durée d’évolution de la fièvre supérieure à 24 heures en milieu hospitalier.ConclusionLa fièvre isolée est un mauvais indicateur d’IB chez le nouveau-né. Tout nouveau-né fébrile devrait être hospitalisé pour au moins une surveillance et un bilan. Le bilan infectieux doit être complet avant toute antibiothérapie. La CRP couplée à l’état clinique du nouveau-né permettent de guider la décision d’instaurer une antibiothérapie.