Ce travail a déterminé, à partir de l'analyse de la littérature récente, les modalités de nutrition entérale (voies d'administration, produits et mode de délivrance) les plus adaptées à la période périopératoire en chirurgie réglée de l'adulte. Peu de travaux contrôlés ont été consacrés à ce sujet. Le choix de la voie d'administration de la nutrition entérale dépend de la période (pré ou postopératoire), du type de chirurgie et de la durée prévisible de nutrition entérale. La sonde nasogastrique reste la méthode de référence pour la nutrition entérale préopératoire de brève durée. La gastrostomie, actuellement le plus souvent effectuée par voie percutanée, est une technique indiquée pour une nutrition entérale prolongée pré et postopératoire, comme par exemple en chirurgie carcinologique ORL. Dans la période postopératoire de la chirurgie digestive, une voie d'abord jéjunale est nécessaire. La supériorité de la jéjunostomie chirurgicale sur la sonde nasojéjunale reste à déterminer. La tolérance de la nutrition entérale par voie jéjunale impose une progression lente des apports protéino-énergétiques qui limite son efficacité pendant la première semaine postopératoire. Les avantages respectifs des différents produits de nutrition entérale sont difficiles à déterminer. L'intérêt des nutriments élémentaires, largement employés par voie jéjunale, n'est pas démontré. Les petits peptides ont certains avantages métaboliques, mais semblent avoir une efficacité clinique peu différente de celle des nutriments polymériques. Ces derniers sont utilisables dans la plupart des situations. L'administration jéjunale des nutriments impose un rythme d'administration continu ou quasi-continu. Dans tous les autres cas, l'administration discontinue des nutriments pourrait avoir une meilleure efficacité sur la balance azotée.