Introduction et but de l’étudeLes patients présentant un cancer sont particulièrement à risque de dénutrition, ce qui impacte directement leur prise en charge thérapeutique. Les recommandations préconisent une évaluation de l’état nutritionnel dès la consultation d’annonce, néanmoins, ceci est peu réalisé en pratique courante et le nombre de prise en charge diététique est nettement limité. L’objectif de ce travail est donc d’améliorer la prise en charge nutritionnelle des patients en hôpital de jour d’oncologie. Pour cela, deux actions ont été menées de façon concomitantes. La première porte sur la remise au patient d’un programme personnalisé de soins (PPS) incluant un onglet diététique. Ce dernier permet au patient de s’autoévaluer en devenant acteur de sa prise en charge mais également de faciliter les transmissions et la visibilité de son état nutritionnel par l’équipe soignante. La seconde porte sur la sensibilisation des médecins à la dénutrition et notamment à la gestion de l’alimentation artificielle via la rédaction de protocoles communs à l’établissement.Matériel et méthodesIl s’agit d’une étude prospective monocentrique. La comparaison de 2 groupes de patients a été réalisée en amont (session 1,n = 66) et en aval (session 2,n = 41) des deux travaux de sensibilisation. Les critères d’évaluation de l’état nutritionnel étudiés comprenaient pour le critère phénotypique : le poids, la taille, l’indice de masse corporel (IMC) ainsi que la cinétique de perte de poids par rapport au poids habituel du patient. Le critère étiologique sélectionné était, systématiquement et à minima, une situation d’agression. La classification de la sévérité reposait sur la cinétique de perte de poids ou l’IMC.Résultats et analyses statistiquesLes patients de chaque session étaient comparables en prenant en considération leur âge, sexe et la localisation de la tumeur primitive. Les résultats montrent une augmentation significative du pourcentage de patients non dénutris de plus de 25 % ainsi qu’une diminution de celui des personnes dénutries modérément de 24 % (session 2 vs session,p < 0,05). Indépendamment de leur statut nutritionnel, le nombre d’interventions diététiques est accru de 22,4 % (session 2 vs session 1,p < 0,05). Il n’y a pas de corrélation significative entre la distribution du PPS aux patients et l’augmentation du nombre d’interventions diététiques constaté. De plus, le nombre de prise en charge nutritionnelle à la demande du patient est inchangé, les soignants restant proactifs. Concernant les personnes présentant une dénutrition sévère, la stratégie de prise en charge diététique montre une nette diminution de la mise en place de compléments nutritionnels oraux et d’alimentation parentérale au profit de l’alimentation entérale (session 2 vs session 1 ;p < 0,05).ConclusionEn conclusion, l’action conjointe de sensibilisation des médecins et des patients à la dénutrition a permis, à la fois de majorer le nombre de prise en charge diététique, mais également de favoriser la thérapeutique nutritionnelle adéquate dans les cas de dénutrition sévère.