L’étude du rôle de l’alimentation dans la genèse des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) suscite un intérêt grandissant. Les patients atteints de MICI associent souvent leur alimentation à leurs symptômes ou à un risque de rechute. Ainsi, ces croyances conduisent à des régimes restrictifs afin de limiter l’exposition à certains composants alimentaires. Les facteurs de risque de cette restriction alimentaire sont maintenant établis et sont liés à la pathologie, à l’activité de la maladie, à la santé psychique des patients mais également à des sources d’information nutritionnelles divergentes. Ces régimes restrictifs sont à risque de dénutrition, de carence mais également de troubles anxio-dépressifs. Les études épidémiologiques ont pu démontrer le rôle de facteurs alimentaires dans le risque de développer une MICI. Globalement, les régimes méditerranéens réduisent le risque de développer une MICI. À l’inverse, le régime « occidental » (riche en graisses, en sucres, en sel, en protéines animales et en aliments ultra-transformés) majore le risque de survenue d’une MICI. Les études expérimentales démontrent la capacité des nutriments à moduler la réponse inflammatoire intestinale en jouant sur la composition du microbiote intestinal, la fonction de barrière intestinale ou les différents acteurs de l’immunité. Le niveau de preuves scientifiques est actuellement insuffisant pour proposer un régime anti-inflammatoire pour les patients atteints de MICI. Cependant, des pistes de recherche clinique prometteuses méritent d’être investiguées à l’avenir par le biais d’études interventionnelles randomisées. Comme l’ESPEN l’indique dans ses recommandations avec un consensus fort, chaque patient devrait bénéficier d’un suivi diététique par un professionnel de santé dans le cadre d’une approche multidisciplinaire.