DisciplineEpidémiologie.Introduction et but de l’étudeOrienter les consommateurs vers des choix alimentaires plus sains est un enjeu important pour la prévention des cancers et des autres maladies chroniques. Dans différents pays, les politiques envisagent la mise en place d’un étiquetage simplifié reflétant la qualité nutritionnelle des aliments. En France, le logo à 5 couleurs « Nutri-Score » basé sur le score FSAm-NPS a obtenu le soutien officiel du Ministère de la Santé. Son application reste toutefois optionnelle du fait de la réglementation européenne.L’impact de la consommation d’aliments avec un score FSAm-NPS plus ou moins élevé sur le risque de cancer a été étudié en France et au Royaume-Uni. Notre objectif est donc d’étendre ces études à un contexte européen au sein d’une large population représentant divers pays.Matériel et méthodesCette analyse prospective inclut 471 495 adultes de la cohorte européenne EPIC (10 pays, 1992–2014, suivi médian :15,3 ans), parmi lesquels 49 794 cas de cancer incidents ont été diagnostiqués (principales localisations : sein,n = 12 063 ; prostate,n = 6745 ; côlon-rectum,n = 5806). Les prises alimentaires usuelles ont été estimées à l’aide d’outils standardisés spécifiques à chaque pays. Le score FSAm-NPS est calculé pour chaque aliment à partir de sa teneur/100 g en énergie, sucres, acides gras saturés, sodium, fibres, protéines, et fruits et légumes. La moyenne de l’ensemble des scores FSAm-NPS associés aux aliments habituellement consommés par un individu permet d’obtenir le score FSAm-NPS DI. Des modèles de Cox multi-ajustés ont été utilisés pour les analyses.Résultats et analyse statistiqueUn score FSAm-NPS DI plus élevé, reflétant une moindre qualité nutritionnelle des aliments consommés était associé à un risque accru de cancer (RRQ5vs.Q1 = 1,07 (1,03–1,10),P-tendance < 0,001). Les individus avec les scores FSAm-NPS DI les plus élevés (Q5) et les plus faibles (Q1) présentaient des taux d’incidence de 81,4 et 69,5 cas de cancer/10 000 personnes-années, respectivement. En particulier, des scores FSAm-NPS DI plus élevés étaient associés à des risques accrus de cancers du côlon-rectum, des voies aérodigestives supérieures et de l’estomac, du poumon chez les hommes, du foie et du sein (post-ménopause) chez les femmes (p < 0,05 pour tous).ConclusionAu sein de cette large cohorte européenne, la consommation d’aliments avec un score FSAm-NPS plus élevé (qualité nutritionnelle moindre) était associée à un risque accru de cancer. Ces résultats contribuent à montrer la pertinence du score FSAm-NPS comme outil sous-tendant des mesures nutritionnelles de santé publique telles que le Nutri-Score.