Introduction et but de l’étudeLes malades nécessitant une nutrition parentérale à domicile (NPD) ont un risque augmenté d’ostéopathie favorisée par les conséquences de l’insuffisance intestinale et par les solutés de nutrition. Les données disponibles concernant le bénéfice des biphosphonates intraveineux, fréquemment utilisés dans cette indication, sont limitées notamment à long terme. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’effet des biphosphonates intraveineux sur l’évolution de l’ostéopathie observée chez les malades recevant une NPD depuis plus de 2 ans pour insuffisance intestinale.Matériel et méthodesTous les malades nécessitant une NPD suivis en longue durée dans notre centre agréé ont eu une ostéodensitométrie tous les 2 ans, à partir de 1998. Un traitement par biphosphonates intraveineux a été prescrit à tous les malades ayant une ostéopathie définie par un T-score ≤ –2,5 DS à l’ostéodensitométrie et/ou des fractures pathologiques. Les biphosphonates utilisés ont été successivement le pamidronate de sodium, l’acide ibandronique et l’acide zolédronique.Résultats et analyse statistiqueDix-huit sur les 33 malades (56 %) ayant eu au moins 2 ostéodensitométries ont été traités par biphosphonates intraveineux pendant une durée moyenne de 6 ± 3 ans (DS). La concentration moyenne de vitamine D était de 30 ± 11 μg/L. Ces 18 malades recevant une NPD (12 femmes, âge moyen 55 ± 13 ans) ont été suivis pendant 10 ± 4 ans pour un syndrome de grêle court dans 16 cas sur 18. Au terme du suivi, les T-scores au niveau du col fémoral et du rachis n’étaient pas significativement différents de ceux observés au début du traitement. Comparées à la période avant traitement, les douleurs ostéoarticulaires invalidantes associées ou non à des fractures pathologiques et les fractures pathologiques ont été significativement réduites par les biphosphonates intraveineux (Tableau 1).ConclusionChez les malades recevant une NPD de longue durée atteint d’une ostéopathie avec T-score ≤ –2,5 DS, les biphosphonates intraveineux réduisent significativement le risque de douleurs et de fractures pathologiques. Nos résultats suggèrent qu’ils permettent de stabiliser la perte osseuse sans augmenter à long terme la densité osseuse.