Introduction et but de l’étudePeu de données dans la littérature sur l’intérêt et la faisabilité de la nutrition parentérale à domicile (NPAD) pour insuffisance intestinale sévère chez la personne âgée. L’objectif était de déterminer les caractéristiques des patients âgés de plus de 70 ans admis dans un programme de NPAD pour syndrome de grêle court (SGC) ainsi que de déterminer leur pronostic et leur qualité de vie.Matériel et méthodesÀ partir de la cohorte de patients pris en charge pour une nutrition parentérale dans l’unité adulte d’un centre agréé de nutrition parentérale entre 1998 et 1eraoût 2015. Critères inclusion : âge > 70 ans à l’inclusion en NPAD et SGC. Première partie rétrospective : données recueillies à partir du dossier informatisé et papier. Seconde partie prospective avec évaluation de l’autonomie (ADL et IADL) et de la qualité de vie (SBS-QolTM) actuelle des patients vivants non sevrés par enquête téléphonique. Résultats exprimés en médiane (min-max).Résultats et analyse statistiqueTrente patients inclus (21F, 10 H) soit 43603 jours de NPAD. À inclusion : âge de 77 ans (70 à 85). IMC à 20,7 (15,6–30,6), score de comorbidité de Charlson de 6/30 (3 à 14). La cause de SGC était ischémie mésentérique (40 %), complications postopératoires (26,7 %). Trois patients avec un cancer digestif actif. Grêle court type 1 (60 %), type 2 (23,3 %), type 3 (16,7 %). Le délai de suivi était de 2,76 ans (92 jours à 13,5 ans). Fréquence initiale de la NP : 7 (2 à 7) par semaine ; volume 1250 mL (986–3100 mL), 6/30 en poches SLF. Soixante-seize cathéters soit deux cathéters par patient (1–8). Cause arrêt NPAD : décès (12/30) 40 % après 36,9 mois (13,6-–18,3), rétablissement continuité (2/30) 6,7 % après 26 mois, sevrage médicale : (2/30) 6,7 % en 22,5 mois. Mortalité en NPAD à 1 an (6,7 %), 2 ans (16,7 %), 3 ans (16,7 %), 5 ans (26,7 %), 10 ans (33,3 %) et l’âge au décès était de 80,7 ans (71,8–90,1). La densité d’incidence de thrombose veineuse était de 0,09 pour 1000 jours cathéters (4 patients, médiane 0 [0–1]) et celle des infections liées au cathéter à 1,26 (55 épisodes chez 19 patients, médiane 1 (0–8)). 14 patients sous taurolidine. Parmi les 18 patients vivants : quatre (22,2 %) sevrés de NPAD depuis 13,5 mois (12–24) ; 14 sur 18 en NPAD depuis 46,6 mois et 1 sur 15 autonome pour gestion NP. Scores aux échelles d’autonomie ADL et IADL respectivement 5/6 et 4/4 reflétant une bonne autonomie de ces patients dans les gestes de la vie quotidienne. Score SBS- QoLTM est à 87/120 (37–116) reflètent un fort impact de cette pathologie sur leur qualité de vie.ConclusionLe taux de sevrage est plus bas à 16 % versus 50 % à 5 ans. Très peu de patients sont autonomes dans la gestion de leur nutrition parentérale alors qu’ils restent autonomes dans le reste des activités quotidiennes. Le taux de mortalité globale est à 40 % contre 33 % d’après les données de la littérature chez des patients plus jeunes. Compte tenu de la faible incidence du SGC, il serait intéressant de poursuivre cette étude en réalisant une étude multicentrique.