La prévalence de la dénutrition est élevée au cours du cancer et elle est en moyenne de l’ordre de 40 %. Ces données sont obtenues avec les critères habituels qui notamment font référence à une perte de poids de 10 % ou plus. Cependant, si l’on considère qu’un malade qui présente une perte de poids de 5 % est déjà à risque nutritionnel, la prévalence de la dénutrition est supérieure à 55 %. Enfin, seuls 15 % des malades pris en charge pour cancer n’ont pas perdu de poids. La synthèse de la littérature suggère qu’en oncologie médicale, une perte pondérale de 5 % est associée à une altération du pronostic des malades (augmentation de la morbidité et de la mortalité). De nombreuses études démontrent qu’au cours de la radiothérapie et de la radiochimiothérapie, une prise en charge diététique active basée sur le conseil diététique, associé ou non à la prise de compléments nutritionnels oraux, permet d’améliorer le pronostic des malades. Les données au cours de la chimiothérapie sont moins convaincantes mais la plupart des études ont proposé une prise en charge insuffisante chez des malades déjà dénutris. Au cours des radiochimiothérapies pour cancers des voies aérodigestives supérieures, la mise en place prophylactique d’une gastrostomie, avant toute intervention nutritionnelle, est associée à un meilleur pronostic pour le patient et est recommandée. En chirurgie, la prise en charge nutritionnelle préopératoire est recommandée chez les malades dénutris et non dénutris qui doivent bénéficier d’une chirurgie majeure et la réalimentation postopératoire précoce est associée à une réduction des complications infectieuses et de la mortalité.