L’objectif de ce travail est de proposer, à partir des textes rédigés par les experts, une démarche nutritionnelle pratique pour les cliniciens, en fonction de l’état nutritionnel des patients et de l’évaluation du risque chirurgical. Aider les cliniciens au quotidien nous semble fondamental de façon à ce que les patients puissent bénéficier très tôt, dans le cursus thérapeutique, d’un soutien nutritionnel ciblé. Tout patient dont le grade nutritionnel est supérieur ou égal à 2 doit bénéficier d’une prise en charge nutritionnelle. En effet, les données bibliographiques actuelles confirment qu’une prise en charge nutritionnelle précoce, préopératoire, et réalisée pour des chirurgies à risque, permet de réduire de façon significative, d’une part, la morbidité postopératoire pour les patients non dénutris (immunonutrition en chirurgie carcinologique digestive), d’autre part, la morbi-mortalité pour les patients dénutris (nutrition artificielle si possible par voie entérale). En l’absence d’évaluation nutritionnelle (et donc de prise en charge ciblée) préopératoire, une nutrition artificielle postopératoire précoce (si possible par voie entérale) doit être proposée aux patients dénutris sévères devant bénéficier d’une chirurgie à risque (grade nutritionnel 4). Concernant l’alimentation orale, en périopératoire immédiat, le jeûne préopératoire maximum conseillé est de deux à trois heures pour les liquides clairs et six heures pour un repas léger. L’apport d’hydrates de carbone sous forme de maltodextrine à 12,5 % est recommandé (sauf chez le patient diabétique). En postopératoire, l’alimentation orale précoce (dans les 24 heures) est recommandée en l’absence de contre-indication chirurgicale.