La prise en charge nutritionnelle des patients en insuffisance respiratoire aiguë est proche de celle recommandée pour le malade agressé. Mais dans cette situation, la constance de la dette en oxygène et la fréquence de l'hypercapnie sont des éléments particuliers à considérer lors du choix de la nutrition. D'une façon générale, les apports caloriques ne doivent pas dépasser la dépense énergétique totale en raison du risque d'hypercapnie chez les patients aux capacités ventilatoires réduites, les glucides assurant 65 à 70 % de l'apport énergétique. Les émulsions lipidiques de nutrition parentérale, en particulier celles à base d'huile de soja, peuvent entraîner des perturbations des échanges gazeux chez les patients atteints d'anomalies du rapport ventilation/perfusion, mais uniquement si elles sont perfusées en trop grande quantité et trop rapidement. Comme pour tout patient en état d'agression, l'état nutritionnel est un élément important du pronostic de l'insuffisance respiratoire aiguë et le dépistage de la dénutrition doit être systématique et précoce au cours de cette affection. Certains pharmaconutriments, en particulier la glutamine, les acides gras polyinsaturés à longues chaînes de la série n-3 (DHA et EPA) provenant d'huiles de poissons, l'acide gamma linolénique et les micronutriments, sont des voies importantes de progrès pour les patients atteints de SDRA. En modulant l'inflammation pulmonaire, l'immunité, la réactivité bronchique et en améliorant l'état nutritionnel, ils ouvrent des perspectives nouvelles et prometteuses dans la prévention et le traitement du SDRA dont le pronostic demeure redoutable.