Les naissances les plus prématurées posent de très difficiles problèmes décisionnels et éthiques aux équipes soignantes. La décision d’entreprendre des soins de réanimation à la naissance ou des soins intensifs chez les nouveau-nés très grands prématurés permet la survie à très long terme, sans séquelles graves, d’une majorité d’entre eux, mais elle entraîne aussi parfois la survie d’enfants plus ou moins lourdement handicapés. À l’inverse, la décision de ne pas entreprendre de réanimation ou de soins intensifs chez des nouveau-nés, notamment aux âges gestationnels les plus faibles, implique de laisser mourir certains enfants qui se seraient développés normalement si ces soins avaient été entrepris. La probabilité de survie sans incapacité importante diminue avec l’âge gestationnel à la naissance. D’autres facteurs ont une valeur pronostique importante. Au même âge gestationnel, un poids plus élevé, le caractère monofœtal de la grossesse, le sexe féminin, la corticothérapie prénatale, la naissance en centre de type 3 sont des éléments favorables. L’appellation « zone grise » identifie une période de la gestation correspondant, en cas de naissance, à une incertitude majeure sur le pronostic, et par conséquent aussi sur la détermination de la « bonne » décision à la naissance (entreprendre ou non une réanimation/soins intensifs). Actuellement, en France, la zone grise correspond aux naissances à 24 ou 25 semaines d’aménorrhée. Au-delà (naissance à 26 semaines d’aménorrhée et davantage), tout doit être fait en règle générale pour que l’enfant vive. En deçà de 24 semaines d’aménorrhée, les soins de confort sont la seule option actuellement envisagée en France. Les difficiles problèmes que posent les naissances « dans » la zone grise seront envisagés dans la 2ndepartie de ce travail.