Nous rapportons le cas d’une patiente de 66 ans se présentant aux urgences pour un tableau de douleurs abdominales dans un contexte fébrile. Ses antécédents principaux comportent une sigmoïdite diverticulaire et une néphrectomie droite en 1990 pour un carcinome à cellules claires. Devant la suspicion d’un nouvel épisode de sigmoïdite diverticulaire, une TDM TAP est réalisée aux urgences, entraînant la découverte fortuite d’une masse du corps du pancréas, hypervascularisée, présentant des calcifications, de 6 cm de diamètre, sans signe d’envahissement loco-régional ou à distance. Ces caractéristiques scanographiques sont en premier lieu évocatrices d’une tumeur neuro-endocrine. Une scintigraphie à l’111-In-Pentetreotide est réalisée pour caractérisation et bilan d’extension, retrouvant une fixation isolée modérée de la masse pancréatique, d’intensité légèrement supérieure au foie. Il est décidé en RCP de réaliser une spléno-pancréatectomie gauche. L’analyse anatomo-pathologique de la pièce opératoire retrouve une masse de cellules essentiellement claires, agencées en travées séparées par un réseau fibrovasculaire abondant, n’exprimant pas la chromogranine, en faveur d’une métastase intra-pancréatique de carcinome rénal à cellules claires (marges d’exérèse R1). Une surveillance est mise en place, et un an plus tard la patiente sera traitée par énucléation pancréatique pour une nouvelle récidive de son cancer rénal sur la tête du pancréas. Il existe de multiples causes de faux positifs en octréoscan (infections, granulomatoses, goitre nodulaire…), dues à l’expression des récepteurs de la somatostatine par de nombreuses cellules, et fixant de ce fait l’111-Indium-Pentetreotide. En particulier, certaines néoplasies solides expriment ces récepteurs de la somatostatine, et peuvent ainsi « mimer » une tumeur neuro-endocrine, telle que le cancer du sein, de la prostate, ou les lymphomes. Les métastases pancréatiques, peu fréquentes, représentent 2 à 5 % des cancers pancréatiques. Le carcinome rénal à cellules claires en est la principale cause, suivi par le mélanome, le carcinome colo-rectal, le carcinome pulmonaire, le cancer du sein et les sarcomes. Les métastases du carcinome rénal à cellules claires peuvent se manifester plusieurs dizaines d’années après le diagnostic initial (dans notre cas, la patiente présente une récidive 25 ans après sa néphrectomie totale), ce qui justifie une surveillance au long cours chez les patients considérés en rémission.