Se connecter
Rechercher

Borderline halluciné, psychiatre perplexe

Auteurs : Gras A1
Affiliations : 1Hôpitaux universitaires de Strasbourg, service de psychiatrie 1, Strasbourg, France
Date 2014 Novembre, Vol 29, Num 8, Supplement, pp 556-556Revue : European psychiatry : the journal of the Association of European PsychiatristsDOI : 10.1016/j.eurpsy.2014.09.361
S23A
Résumé

La présence d’hallucinations chez un patient souffrant d’un trouble de personnalité borderline (TPB), ou état limite, est une situation clinique courante qui peut mettre le psychiatre en difficulté. En effet, l’hallucination n’étant pas reconnue comme un symptôme appartenant au tableau clinique de ce trouble, sa présence pose la question du diagnostic différentiel avec la schizophrénie. Or l’histoire du concept de TPB est celle d’une progressive autonomisation vis-à-vis du groupe des psychoses, passant d’un trouble para-psychotique dans les années 1940 à une troisième voie structurelle, indépendante de la névrose et de la psychose, dans les années 1980. Dès lors, le constat clinique d’hallucinations dans le TPB vient rouvrir un débat de plus de 40 ans sur la place de cette entité au sein de la nosologie psychiatrique. L’étude de la littérature scientifique récente sur ce sujet apporte des éclaircissements. Des hallucinations, essentiellement acoustico-verbales, sont retrouvées chez environ 30 % des patients souffrant de TPB. La plupart d’entre elles sont transitoires, déclenchées par des situations de stress, mais certaines durent plusieurs années. Sur le plan clinique, elles ont les mêmes caractéristiques que les hallucinations retrouvées dans la schizophrénie en termes de fréquence, de durée, de localisation spatiale, de niveau sonore et de contrôlabilité. Les seules différences sémiologiques sont un contenu plus négatifs (voix insultantes) et une détresse plus intense du sujet vis-à-vis de ces phénomènes hallucinatoires. Le terme de « pseudo-hallucinations », souvent utilisé à tord dans cette situation, devrait être abandonné car il disqualifie le vécu des patients et n’est pas cliniquement pertinent. En outre, l’attitude qui consiste à attribuer systématiquement les symptômes hallucinatoires du TPB à une comorbidité (prises de toxiques associées, troubles de l’humeur) n’est pas justifiée au regard de la littérature. Ainsi, dans l’état actuel des connaissances, les hallucinations peuvent être considérées comme un symptôme du TPB.

Mot-clés auteurs
Trouble de personnalité borderline; Etat limite; Hallucination; Pseudo-hallucination;
 Source : Elsevier-Masson
Accès à l'article
 Accès à distance aux ressources électroniques :
Exporter
Citer cet article
Gras A. Borderline halluciné, psychiatre perplexe. European psychiatry : the journal of the Association of European Psychiatrists. 2014 Nov;29(8):556-556.
Courriel(Nous ne répondons pas aux questions de santé personnelles).
Dernière date de mise à jour : 27/11/2015.


[Haut de page]

© CHU de Rouen. Toute utilisation partielle ou totale de ce document doit mentionner la source.