IntroductionLes rétinoïdes régulent de nombreuses fonctions au niveau de l’épithélium respiratoire et des cellules impliquées dans la réaction immuno-inflammatoire allergique (lymphocytes T, cellules dendritiques, éosinophiles). Cependant, leur capacité à modulerin vivoles manifestations de l’asthme n’a pas été étudiée.MéthodesDes souris mâles de la lignée Balb/c ont été immunisées par voie intrapéritonale avec de l’ovalbumine (OVA) et provoquées 4 fois par voie intra-nasale avec du sérum physiologique ou de l’OVA. Les animaux ont été traités par voie intrapéritonéale avec 10 mg/kg/jour de Lipo-ATRA, ou avec des liposomes vides, soit de façon aiguë (avant chaque provocation intra-nasale), soit chronique (pendant la période nécessaire à l’immunisation et aux provocations antigéniques). Vingt-quatre heures après la dernière provocation, l’hyperréactivité bronchique (HBR) en réponse à la métacholine, la réaction immuno-inflammatoire (IgE sériques, éosinophilie pulmonaire, libération d’IL-4, IL-5, IL-13, éotaxine, dans le lavage bronchoalvéolaire - LBA -), et le remodelage bronchique (taux de fibronectine et mucines et activités MMP-2 et MM-9 dans le LBA, contenu du collagène dans le poumon) ont été analysés.RésultatsLe Lipo-ATRA, administré de façon aiguë, augmente la BHR, l’éosinophilie du LBA et du tissu, les taux sériques d’IgE et la libération d’IL-4, IL-5, d’IL-13 et de fibronectine dans le LBA. De façon opposée, le traitement chronique avec du Lipo-ATRA inhibe l’ensemble de ces réponses. Indépendamment du protocole de traitement (aigu ou chronique), le Lipo-ATRA supprime la libération d’éotaxine et augmente celle des mucines dans le LBA, mais ne modifie pas le dépôt pulmonaire de collagène et l’activité MMP-2 et MMP-9 dans le LBA.ConclusionLe Lipo-ATRA module positivement ou négativement l’HRB et la réponse immuno-inflammatoire allergique en fonction du moment et de la durée du traitement, suggérant une action sur des cibles cellulaires distinctes. Les effets du Lipo-ATRA au niveau de l’épithélium respiratoire (inhibition de l’éotaxine et augmentation des mucines) sont indépendants de ses actions opposées vis-à-vis de la réaction immuno-allergique. Enfin, dans ce modèle, l’HRB et la réponse immuno-inflammatoire sont associées, mais indépendantes du remodelage tissulaire.