Contexte et objectifLes statines prescrites en prévention primaire avant 75 ans permettent de réduire les évènements cardiovasculaires de 20 à 30 % et la mortalité de 10 % au prix d’effets indésirables acceptables. Nous avons cherché à savoir si ces résultats persistaient après 75 ans.Sources documentairesRevue de la littérature des grands essais randomisés statines versus placebo et des méta-analyses ayant inclus des patients de 75 ans et plus traités par statines en prévention primaire.RésultatsDepuis les années 1990, une vingtaine d’essais contrôlés randomisés étudiant les statines versus placebo en prévention primaire ont été publiés et étudiés dans des méta-analyses. Les critères d’exclusions, en particulier l’âge supérieur à 70 ans, sont le plus souvent restrictifs. L’impact sur la mortalité toutes causes dans les quatre principales études et les méta-analyses chez les plus de 75 ans n’est pas démontré. D’un autre côté, une récente méta-analyse d’études observationnelles incluant des sujets entre 70 et 89 ans traités par statines a retrouvé qu’un cholestérol total bas était associé à une baisse modérée de la mortalité cardiovasculaire, sans diminution de la mortalité toutes causes. De plus, dans un contexte fréquent de polymédication dans cette tranche d’âge, les statines peuvent être responsables de nombreux effets indésirables, d’interactions médicamenteuses et d’une altération de la qualité de vie.ConclusionCompte tenu de l’absence de preuve formelle d’efficacité en termes de mortalité toutes causes et d’un niveau élevé d’effets secondaires, le rapport bénéfice/risque d’une prévention primaire par statines n’est pas établi chez les personnes âgées. Le poids économique des prescriptions de statines et leur retentissement possible sur la qualité de vie justifient une analyse médico-économique de l’arrêt de ce traitement chez les personnes de 75 et plus.