Les femmes conductrices d’hémophilie sont classiquement considérées comme porteuses saines. Certaines peuvent présenter d’authentiques symptômes hémorragiques associés à des taux bas en facteur VIII ou IX selon le type d’hémophilie. Au cours de la grossesse, le facteur VIII augmente généralement alors que le IX reste stable. La gestion de la période péri-partum, à risque hémorragique, peut donc présenter quelques particularités. Nous présentons deux cas cliniques de femmes enceintes conductrices d’hémophilie A, d’une part, et B, d’autre part, présentant un taux de facteur inférieur à 50 % en fin de grossesse. Une analgésie par rémifentanil/kétamine a été réalisée en raison d’une contre-indication aux anesthésies périmédullaires (APM). Les accouchements se sont déroulés rapidement. En post-partum immédiat, une révision utérine a été réalisée devant une hémorragie modérée. Aucune transfusion sanguine n’a été nécessaire. La patiente conductrice d’hémophilie A a reçu de la desmopressine après clampage du cordon et celle conductrice d’hémophile B du facteur IX recombinant à l’arrivée en salle de travail. La présence d’antécédents familiaux et/ou personnels de symptomatologie hémorragique chez une parturiente doit conduire à la réalisation d’une consultation d’hémostase spécialisée. Le facteur VIII augmente habituellement au cours de la grossesse et devient généralement supérieur à 50 % en fin de grossesse alors que le taux de facteur IX reste inchangé. Les recommandations actuelles contre-indiquent la réalisation des APM chez les conductrices d’hémophilie à taux bas, ce qui est discutable si le taux de facteur VIII/IX est normalisé par un traitement substitutif ou spontanément. La collaboration multidisciplinaire reste primordiale.