IntroductionChez les patients de réanimation, le risque d’hyperkaliémie secondaire à l’injection de succinylcholine est accru et pourrait impliquer une surexpression des récepteurs nicotiniques favorisée, entre autres, par l’immobilisation prolongée. Nous avons testé l’hypothèse que l’induction en séquence rapide avec la succinylcholine induit une augmentation de la kaliémie dont l’amplitude est influencée par la durée de séjour en réanimation préalable à l’injection.Type d’étudeProspective, observationnelle.Patients et méthodesAprès accord du comité de protection des personnes, 36 patients consécutifs ayant séjourné au moins 24 heures en réanimation et recevant de la succinylcholine (1 mg/kg) en vue d’une intubation ont été inclus. Les critères de non-inclusion étaient une hyperkaliémie préalable (> 5 mmol/L), l’âge inférieur à 18 ans et une contre-indication à la succinylcholine. La kaliémie était mesurée avant, cinq (T5) et 30 (T30) minutes après l’injection.RésultatsLa succinylcholine était associée à une augmentation significative et transitoire de la kaliémie à T5. La variation médiane était de 0,45 (0,20–0,80) mmol/L. Une relation significative a été observée entre l’amplitude de variation à T5 et la durée de séjour en réanimation préalable à l’injection de succinylcholine (r = 0,37,p < 0,05). Un délai seuil de 12 jours (courbe ROC) permettait de discriminer les patients présentant une variation de kaliémie à T5 > 1,5 mmol/L avec une sensibilité de 86 % et une spécificité de 69 %.ConclusionLa succinylcholine induit une augmentation transitoire de la kaliémie chez les patients de réanimation dont l’amplitude semble être influencée par la durée de séjour en réanimation.