IntroductionArcobacterest une bactérie décrite pour la première fois en 1991. Reconnue comme pathogène humain et animal, elle provoque chez l’Homme des gastro-entérites et plus rarement des bactériémies. Des cas de colonisations intestinales ont également été rapportés. Dans un contexte où les techniques moléculaires supplantent progressivement la culture, nous souhaitons nous intéresser aux cas d’infections liées à ce pathogène méconnu.Matériels et méthodesCette étude rétrospective a consisté à extraire les coprocultures positives àArcobacterentre janvier et décembre 2019. Chaque prélèvement a été classiquement ensemencé pour recherche des entéropathogènes typeShigella,Salmonella,YersiniaetCampylobacter.Arcobacterest mis en évidence sur les géloses CASA® (Biomérieux) incubées 48 h à 35 ° C sous atmosphère micro-aérobie. L’identification des espèces a été faite par spectrométrie de masse MALDI-TOF (Bruker). Les données cliniques des patients ont été colligées.RésultatsDeux mille cent trente-neuf coprocultures ont été ensemencées au laboratoire durant l’année 2019. Le taux de positivité des différents pathogènes est le suivant : 0,2 %Shigella(5/2139), 1 %Salmonella(21/2139), 0,4 %Yersinia(8/2139), 3,7 %Campylobacter(79/2139) et 0,5 %Aeromonas(12/2139). Au cours de cette année, 14 Arcobacteront été mis en évidence soit 0,6 % de l’ensemble des coprocultures. Parmi ces 14 coprocultures positives àArcobacter, 12 l’étaient àA. butzleriet 2 àA. cryaerophilus. Une patiente de 56 ans était co-infectée parSalmonella entericatandis qu’une autre de 48 ans l’était parCampylobacter jejuni.Cinquante-sept pour cent des patients infectés parArcobactersont des hommes et 43 % des femmes. La médiane d’âge est de 52 ans [1 ; 91 ans]. La notion de symptômes a été retrouvée pour 8 patients. Les symptômes sont des diarrhées (7/8), des vomissements (3/8), des douleurs abdominales (3/8) et la fièvre (2/8). La patiente co-infectée parCampylobacter jejuniprésentait une diarrhée sanglante.Les profils de résistance observés sont les suivants : 50 % (7/14) à l’ampicilline, 43 % (6/14) à l’amoxicilline + acide clavulanique, 21 % (3/14) à la ciprofloxacine et 7 % (1/14) à la gentamicine. Ces résultats sont concordants avec l’épidémiologie nationale publiée par le CNR desCampylobacteret apparentés. À noter que le taux de résistance aux bêtalactamines (ampicilline et amoxicilline + acide clavulanique) pourArcobacterest plus élevé que pourCampylobacter.La notion de traitement a été retrouvée chez 5 patients (3 par azithromycine, 1 par ciprofloxacine et 1 par amoxicilline + acide clavulanique).ConclusionArcobacterest un germe entéropathogène dont la prévalence est encore probablement sous-estimée en raison d’une méconnaissance de ce pathogène. L’absence d’intégration de cette bactérie dans les panels de PCR multiplex reste un facteur limitant pour sa mise en évidence. Le dialogue clinicobiologique est primordial pour une interprétation optimale du résultat de la coproculture.